Au gabion comme à la fac, Cassandre Burgot défend la chasse

Cassandre Burgot est la seule femme de son groupe de chasse, dans le Calvados. Âgée de 21 ans et fraîchement licenciée, elle veut prouver que l’activité peut être pratiquée par toutes et tous, « en pleine conscience ».

Cassandre Burgot, 21 ans, est une passionnée de chasse. Bien loin du cliché que certains peuvent avoir sur le milieu, la jeune femme tend à briser les codes et rajeunir la pratique. En parallèle, elle est étudiante en licence professionnelle Métiers de la protection et de la gestion de l’environnement (MPGE), parcours environnement, agriculture, paysage et territoires ruraux.

Un cursus distillé sur trois sites : à l’Université de Caen, mais aussi au lycée agricole de Sées, dans l'Orne, et à celui du Robillard, dans le Calvados. L’occasion pour cette fan du gabion de crier haut et fort que chasse et respect de l’environnement ne sont pas contradictoires.

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De participante… 

Avant de passer son permis de chasse, Cassandre Burgot – qui a toujours vécu à la campagne, à Ouilly-le-Vicomte – a avant tout œuvré en tant qu’accompagnatrice. De ses 12 ans à ses 19 ans, elle a participé à de nombreuses traques pour rabattre le gibier lors des battues. 

« Mon grand-père et mon oncle ont transmis leur passion à mon frère, avant que mon père ne suive. […] Ce dernier est responsable de chasse à Manneville-la-Pipard, dans un bois de 40 ha », raconte-t-elle. 

Dans la famille, chasser est donc une tradition. « Ce que j’aime le plus, c’est d’être avec les chiens et de les voir travailler. Mais au fur et à mesure, j’ai découvert d’autres chasses que la traque, telles que le gabion (chasse du canard, de la bécassine, etc.) ou la chasse à la bécasse », affirme-t-elle.

Lorsqu’elle part à la chasse, Cassandre Burgot est accompagnée de sa fidèle comparse : une Setter anglais nommée Naïa. Pour la jeune femme, la chasse rime avec balade en nature, beaux paysages et moments de complicité avec ses proches. © DR

A licenciée

C’est son frère aîné, lui-même salarié de la Fédération des chasseurs du Calvados (FDC 14), et ses amis qui l’ont décidée à sauter le pas en mars 2022. « C’est très simple. Il suffit de s’inscrire pour suivre les formations théoriques, puis la formation pratique. […] Les formations permettent de mieux appréhender la reconnaissance des espèces, l’information sur la sécurité – qui est primordiale – et le fonctionnement de son arme. C’est indispensable pour bien chasser, sans accident ! », reconnaît-elle. 

Une activité qui se féminise

De plus en plus de femmes passent le permis de chasse. Dans le Calvados, département d’origine de Cassandre Burgot, 13 000 chasseurs pratiquent ce loisir. Bien que les femmes ne représentent aujourd’hui que 2 % d’entre eux, « on dénombre 12 % de femmes candidates au permis de chasser en 2022 », constate la Fédération des chasseurs du Calvados. Une nouvelle qui ne sera pas pour déplaire à Cassandre, laquelle est pour le moment la seule chasseresse de son secteur. 

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L’âge moyen baisse

« Au départ, j’étais la seule adolescente à chasser avec mon frère. Depuis quelques années, j’observe beaucoup plus de jeunes de mon âge ou d’autres personnes autour de la trentaine. Il y a une augmentation d’actionnaires plus jeunes au sein des groupes de chasse, constate nettement Cassandre Burgot. A Manneville-la-Pipard, je dirais que c’est moitié-moitié. »

Chasser, « c’est être très observateur. J’ai toujours les yeux levés au ciel pour regarder la migration. Cela me permet de connaître les canards par cœur, par exemple, là où d’autres personnes dans mes études vont avoir du mal à les identifier », confie-t-elle. © DR

Démocratiser la chasse

Pour l’étudiante, l’étiquette de chasseuse n’est finalement pas si difficile à porter, même à l’université où elle côtoie des camarades qui n’ont aucune connaissance sur le sujet. « Au départ, ils sont étonnés, mais finalement, la mixité est bien vue », explique-t-elle. 

Malgré cette bienveillance, elle reçoit souvent des commentaires sur l’incompatibilité de chasser et d’être en licence MPGE. Ce à quoi elle rétorque : « nous sommes les premiers acteurs de l’environnement. La régulation de gibiers est nécessaire pour qu’il n’y ait pas de dégâts, ce qui n’empêche pas d’œuvrer pour que les autres espèces soient préservées. 

Les chasseurs veillent au bon maintien des milieux existants en les gérant, dans l’optique de les conserver et de les améliorer. » Et la jeune femme de faire mention de l’opération nationale « Hirondelles et Biodiversité ».

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