Blé dur : une collaboration internationale pour accélérer l’innovation

Pour Filippo Bassi, sélectionneur de blé dur, la recherche mondiale sur le blé dur est active et profite à l’ensemble des pays producteurs. à l’occasion de la journée filière blé dur, qui s’est tenue le 6 février à Orléans, il rappelle combien ces collaborations profitent aux producteurs, dans 23 pays.

Perspectives Agricoles : Pourquoi vos travaux se focalisent-ils sur le blé dur ?
Filippo Bassi :
Depuis la création de l’Icarda en 1977, la sélection du blé dur est notre fer de lance. Ce grain est largement consommé dans de nombreux pays tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Iran, le Liban, la Jordanie, la Turquie, la Syrie, l’Ethiopie, l’Inde, le Yémen, la Somalie, l’Érythrée, le Pakistan, et bien d’autres. Bien que les rendements soient souvent faibles, de 1 à 2 tonnes par hectare, ces pays cultivent plus de 60 % des surfaces mondiales, principalement pour une consommation domestique. Le blé dur est la dixième culture mondiale en surfaces, cultivée sur 16 millions d’hectares dans le monde, pour un volume d’environ 40 millions de tonnes.

PA : Sur quels thèmes portent vos travaux ?
F. B. :
Nos programmes de sélection se concentrent sur l’augmentation de la productivité du blé dur, en mettant l’accent sur la tolérance à la sécheresse et aux changements climatiques. Par exemple, entre octobre 2023 et janvier 2024, les blés durs semés au Maroc n’ont reçu que 32 mm de précipitations, illustrant les défis climatiques auxquels nous faisons face. Nos essais de rendement, effectués dans une quinzaine de pays avec plusieurs centaines de lignées avancées, font de notre programme de sélection l’un des plus importants au monde.

PA : Les collaborations internationales vous sont précieuses. Que permettent-t-elles ?
F. B. :
Les travaux de l’Icarda puisent dans les recherches de la communauté internationale, en particulier en Italie, en France, au Canada, et en Espagne, avec qui nous avons des problématiques communes. On dénombre 52 programmes de recherche sur le blé dur dans le monde. 23 pays travaillent pour découvrir de nouvelles solutions.
La recherche collaborative mondiale nous permet d’avancer collectivement sur des défis communs, tels que la résistance aux fusarioses, qui préoccupe l’Europe, l’Amérique du Nord, et la Turquie. La résistance à la rouille noire intéresse surtout l’Éthiopie et les États-Unis.
L’amélioration du Poids de Mille Grains (PMG) est un critère étudié par des équipes italiennes, espagnoles et françaises car il influence positivement la production et la transformation.
Partager nos travaux, qui s’appuient sur l’intelligence artificielle, le numérique et la génomique, est le seul espoir de la communauté internationale pour vaincre le défi climatique ; cela est encore plus vrai pour le blé dur, car il s’agit d’une petite culture, qui dépend des acteurs du secteur pour continuer à prospérer. Les producteurs devraient voir une amélioration drastique du progrès génétique du blé dur, j’espère pour 2035.