Blé tendre : les besoins unitaires en azote des variétés réactualisés pour 2021

Afin de répondre aux enjeux de la qualité du blé tendre dans les filières de production en termes de teneur en protéines du grain, ARVALIS - Institut du végétal a revu la méthode de détermination du besoin unitaire en azote des variétés. Celui-ci intègre depuis 2017 un objectif protéines et permet de concilier à la fois rendement et protéines. Retrouvez le classement 2021 des variétés de blé tendre selon leurs objectifs de production.

Pour calculer la dose totale d’azote à apporter sur blé tendre, la méthode du bilan prévisionnelle s’appuie sur le besoin unitaire en azote de la variété pour produire un quintal, dit " coefficient b ". Ce besoin était historiquement calculé à l’optimum de rendement sans intégrer le paramètre « protéines », conduisant à trois catégories pour l’ensemble des variétés : 2,8, 3 et 3,2 kg d’azote par quintal.

Aujourd’hui, de nombreux cahiers des charges, tant pour le marché intérieur qu’à l’export, requièrent des teneurs en protéines minimales de 11,5 %. Or, toutes les variétés n’obtiennent pas une telle teneur lorsqu’elles sont fertilisées à leur optimum « rendement ». Pour tenter d’atteindre ce double objectif de rendement et protéines, ARVALIS a défini un besoin « qualité » en azote (bq) pour chaque variété.

Un complément d’azote pour les protéines

Le besoin en azote se décline dorénavant selon les deux voies :
• Si l’objectif de production est uniquement d’optimiser le rendement, alors c’est le besoin unitaire « b » associé à la variété qui doit être pris en compte dans le calcul de la dose totale à apporter.
• Si l’objectif associe un rendement optimal et une teneur en protéines d’au moins 11,5 %, c’est le « bq » qui doit être pris en compte. Il correspond au besoin unitaire pour le rendement « b » auquel s’ajoute un besoin complémentaire « bc » pour viser une teneur en protéines de 11,5 %. Le calcul du complément bc se base sur l'écart entre l’objectif (11,5 %) et les teneurs en protéines moyennes ajustées, pour chaque variété, obtenu dans nos essais de caractérisation variétale.

En cas de variété dont la teneur en protéines est trop écartée de l’objectif de 11,5 %, le complément de besoin est plafonné de façon à ne pas dépasser 40 kg d'azote environ. Au-delà, il entraînerait un renforcement trop élevé de la dose totale qui, si les conditions climatiques ne permettent pas de le valoriser, augmenterait le reliquat d’azote minéral dans le sol à la récolte.

Cette année, 49 nouvelles variétés sont entrées dans le classement. A noter que le bq des blés biscuitiers a également été modifié.

arvalis
.

Pour les besoins des variétés de blés améliorants et de force, rendez-vous sur l'article dédié.

Adapter les pratiques en cas d'objectif qualité

Dans les cas où bq est utilisé, il est nécessaire d'adapter la conduite de la fertilisation azotée, et ceci d’autant plus que le contexte pédoclimatique sera peu favorable à l’obtention de teneurs en protéines élevées.

Le fractionnement de la fertilisation est la première pratique à adapter. Il convient, en particulier, de réaliser un premier apport modéré en sortie d'hiver pour reporter la quantité d’azote mise en réserve vers la fin de montaison, où l’apport sera le plus efficace sur l’augmentation de la teneur en protéines ; le report sera d’autant plus important que le besoin complémentaire (bc11,5) est élevé.

Dans certaines situations bien définies régionalement, la quantité correspondant au complément du besoin pourra être appliquée à l’épiaison ou à la floraison ; on peut alors envisager 4 apports, dont 2 réalisés après le stade « 2 nœuds ».

Le choix de la forme d’engrais apporté, en particulier pour le ou les apports de fin de montaison, présente aussi un enjeu important. L’utilisation de la forme d’azote la moins sensible à la volatilisation est préférable.

Rappelons néanmoins la part importante du facteur climatique dans l’élaboration en fin de cycle de la teneur en protéines. Avec ces préconisations, tout est mis en œuvre pour viser cet objectif, mais le climat, en interaction avec le sol, est l’élément final le plus déterminant.

 

Article de Francesca DEGAN et Philippe DU CHEYRON Arvalis