Blé tendre : vers une récolte biologique 2020 qualitative à défaut de quantité

Comme pour les blés non-bio, les conditions météos de l’automne-hiver puis du printemps ont marqué les semis et les conditions de culture en blé biologique. Jérôme Caillé (président de la Commission filières biologiques de la Coopération Agricole au niveau national, éleveur de volailles et exploitant grandes cultures, coopérateur Terrena) et Marianne Sanlaville (animatrice du Comité grandes cultures bio au niveau national et membre de La Coopérative Agricole Occitanie) ont détaillé ce début de moisson, avec des remontées de terrain en provenance des coopératives et des données recueillies avant le 17 juillet.

La sécheresse de l’hiver et le manque d’eau du printemps ont perturbé la conduite des cultures et ont des impacts par rapport à la récolte de blé tendre biologique 2020. Dans le Sud-Ouest (30 % de la collecte de blé bio), la collecte est bien avancée mais avec des rendements impactés à la baisse. Ils ressortent entre 15 et 25 qx/ha (donc très hétérogènes aussi) mais avec des taux protéiques bons, voire très bons. Dans le Sud-Est (10 %), la collecte est quasi terminée sur des surfaces en augmentation. Là aussi, les rendements sont en baisse avec l’apparition de parasitisme sur les plants sur le tard. La situation est meilleure en plaine que dans le piémont. Dans l’Ouest (20 %), le taux protéique est correct avec des rendements aussi en retrait (25 qx/ha). Là, c’est le stress hydrique d’abord et le coup de chaud de juin ensuite qui ont impacté le développement des cultures. Dans le Nord-Nord Est (25 %), on en est au début de la collecte. On a plutôt craint un certain refroidissement à un moment donné et un manque d’eau mais le rendement reste très bon, en particulier sur la Bourgogne-Franche-Comté. Il semble que les blés semés dans cette région ont fait preuve d’une meilleure résilience avec une rotation qui a été bénéfique pour le résultat final. Enfin, dans le Centre (15 %), 20 % de la collecte est achevée, avec un rendement inférieur de 5 à 10 % par rapport à 2019. Au final, les experts en blé bio s’attendent à une baisse de 25 % des rendements par rapport à 2019, qui, ceci mérite d’être précisé, avait été une très belle année (250 000 t de blé bio collectées, dont 190 000 t certifiées bio et le solde en année de conversion 2).

Gestion de campagne, couverture et FAB

Tout va maintenant se jouer dans la gestion des volumes récoltés et des répartitions entre les demandeurs. Si tous les contrats devraient être normalement honorés, il va convenir de gérer l’offre et la demande de façon judicieuse. Des reports de semis ont eu lieu, du blé vers le maïs ou le tournesol. Il semble que les cultures de printemps réalisées dans cette logique apparaissent comme propres et prometteuses. Mais il faut encore attendre une dizaine de jours pour voir des choses matures.

L’idée générale est donc de privilégier le blé meunier pour la meunerie pour le moment et de d’attendre la maturité du maïs ou du tournesol pour d’autres usages, notamment en alimentation animale. Jérôme Caillé appelle du reste d’une part les différents opérateurs à signer des contrats d’achat et d’autre part à une discussion avec les fabricants d’alimentation animale pour gérer les approvisionnements dans le temps. Ces derniers jouent le jeu pour le moment.

Pour mémoire, et d’après le dernier Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, la filière blé bio compte 209 organismes stockeurs et 129 moulins/meuniers. La meunerie a utilisé 164 681 t de grains (129 328 t de farine). Les farines produites servent bien évidemment en panification mais aussi à la fabrication de sachets, à l’alimentation animale/glutennerie/amidonnerie…