Capr’inov : la filière caprine fait le point sur l’adaptation au changement climatique

Après l’édition digitale de 2020, Capr’Inov propose désormais un webinaire les années hors salon. Le premier a eu lieu le 23 novembre et portait sur l’adaptation de la filière caprine au changement climatique.

2020 aurait dû être une année de salon pour Capr’Inov mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Le salon n’ayant pu avoir lieu physiquement, une version digitale a été imaginée et a connu un franc succès. C’est pourquoi le comité d’organisation a décidé de renouveler ce rendez-vous les années hors salon, sous la forme d’un webinaire.

Le réchauffement climatique et ses conséquences sur l’élevage caprin était le premier thème choisi. Un sujet qui « concerne tout le monde », comme l’a rappelé le président de Capr’Inov, Samuel Hérault et qui a été étudié par l’interprofession caprine, qui s’est dotée d’outils et d’une feuille de route pour l’avenir.

Première intervenante, Aurélie Madrid de l’Idele est revenue sur le dernier rapport du GIEC. 234 chercheurs en climatologie de 65 pays concluent dans ce rapport à un changement climatique incontestable et dont l’origine est principalement les activités humaines. Dans le détail, on observe une accélération du réchauffement depuis les années 1980. Les périodes de chaleur extrême et de fortes précipitations sont plus fréquentes et plus intenses. La sécheresse, le réchauffement et l’acidification des océans vont également croissant.

Trois scénarios ont été bâtis selon le niveau d’intervention des politiques publiques à venir : un scénario où on ne change rien, un pour lequel on stabilise la situation actuelle et le dernier dans lequel on réduit les émissions de carbone. Et le constat est clair, quelles que soient les politiques, le réchauffement va se poursuivre jusqu’au milieu du siècle environ, la tendance étant difficile à inverser. Les experts insistent également sur la forte variabilité d’une année à l’autre. 2022 serait en définitive un avant-goût de ce que sera une année moyenne en 2050. Depuis plusieurs mois, la filière caprine s’est emparée du sujet. « Pour garantir la pérennité de nos productions et préserver les territoires, il va falloir s’adapter », résume Sophie Espinosa, directrice de la FNEC.

La filière a identifié des leviers d’action et établi une stratégie retracée dans la feuille de route Cap climat. Avec deux volets : un volet atténuation visant à fournir des outils aux éleveurs pour réduire leur impact carbone et leurs émissions de gaz à effet de serre et un volet adaptation, fournissant leviers et solutions et lançant des travaux de recherche.

D’ici 2025, 50 % des exploitations devront avoir bénéficié d’un diagnostic avec l’outil Cap2ER (100 % en 2030). Dans le même temps, des références techniques seront produites sur l’autonomie protéique, les stratégies de conduite d’élevage, l’adaptation des bâtiments, la génétique, la gestion de l’eau… L’Idele s’est penché sur les conséquences du réchauffement climatique sur l’élevage caprin. Jérémie Jost de l’Idele souligne une pousse de l’herbe désormais plus précoce avec un arrêt de croissance au début de l’été et une repousse automnale plus faible. Là encore, une très forte variabilité existe selon les années. L’enjeu pour l’élevage caprin est donc de réussir l’implantation et la conduite d’une prairie productive et de qualité.

Avec plusieurs problématiques : la réussite de la première coupe lors d’un printemps pluvieux, la gestion du chantier de récolte ou encore la trésorerie fourragère fluctuante,… 10 groupes d’éleveurs travaillent sur la question au sein du réseau Redcap. Des leviers ont été identifiés, dont la diversification du système fourrager (en favorisant les légumineuses en mélange, les semis sous couvert, …), l’adaptation des capacités de stockage, la contractualisation, l’organisation du travail, etc.

Le réchauffement climatique affecte aussi les animaux. Le stress thermique a des effets négatifs au niveau de la productivité et de la reproduction. Des solutions existent là aussi : adaptation des bâtiments, des rations (composition, distribution, horaires), accès à l’eau, chargement,… Les travaux se poursuivent pour voir si ces leviers sont pertinents et ces solutions sont généralisables.