D&eacute;j&agrave; bien repartis en hausse d&eacute;but f&eacute;vrier avec les craintes d&rsquo;un conflit potentiel, les prix de l&rsquo;orge, du bl&eacute; et du ma&iuml;s ont &eacute;t&eacute; propuls&eacute;s respectivement de 110, 120 et 130 &euro;/t en deux semaines…

L’Europe doit exporter plus que prévu et importer moins : la campagne 2021/22 en cours est très touchée mais la prochaine pourrait l’être aussi à moins d’une forte réduction de la demande.

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Alors qu'au milieu des ann&eacute;es 2000, la France &eacute;tait &laquo;&nbsp;le troisi&egrave;me exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires&nbsp;&raquo; et conserve la premi&egrave;re place de producteur et exportateur de c&eacute;r&eacute;ales en Europe, elle fait d&eacute;sormais face &agrave; &laquo;&nbsp;un certain nombre d'obstacles&nbsp;&raquo; qu'il faut regarder en face, d&eacute;clare d'embl&eacute;e Jean-Fran&ccedil;ois Loiseau, pr&eacute;sident de l'interprofession des c&eacute;r&eacute;ales, Interc&eacute;r&eacute;ales. &laquo;&nbsp;La Russie a d&eacute;velopp&eacute; une armada extraordinaire de combat pour, excusez-moi du terme, envahir le terrain de jeu des acheteurs de c&eacute;r&eacute;ales dans le monde et principalement l'Afrique&nbsp;&raquo;, poursuit-il. Elle &laquo;&nbsp;&oelig;uvre de fa&ccedil;on extr&ecirc;mement violente, d&eacute;sint&egrave;gre un peu les fondamentaux du march&eacute; et nous met dans une position difficile. Donc nous devons r&eacute;agir. La France doit r&eacute;agir. L'Europe doit r&eacute;agir&nbsp;&raquo;, a-t-il plaid&eacute;.&nbsp;<div class="citation">
 "Imaginez demain si Vladimir Poutine a dans sa main le bl&eacute; non seulement russe, mais le bl&eacute; ukrainien"
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Message re&ccedil;u par le ministre d&eacute;l&eacute;gu&eacute; au Commerce ext&eacute;rieur Franck Riester, qui affirme &agrave; la tribune : &laquo;&nbsp;Nous devons avec vous faire bloc (...) pour faire en sorte que demain, il y ait davantage encore de march&eacute;s ouverts aux exportations&nbsp;&raquo; au Maghreb, en Afrique subsaharienne ou en Chine.Le ministre assure ne pas m&eacute;nager ses efforts, avec le gouvernement, pour &laquo;&nbsp;b&acirc;tir un plan sp&eacute;cifique de simplification pour les exportateurs&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Nous savons besoin de baisser les droits de douane, de s&eacute;curiser les &eacute;changes&nbsp;&raquo;, dit-il. &laquo;&nbsp;Imaginez demain si Vladimir Poutine a dans sa main le bl&eacute; non seulement russe, mais le bl&eacute; ukrainien (...) Cette question de la Russie en Ukraine est absolument [un &eacute;l&eacute;ment] cl&eacute; pour l'avenir de votre fili&egrave;re&nbsp;&raquo;, a-t-il lanc&eacute;.Ensemble, la Russie et l'Ukraine repr&eacute;sentent plus du quart de l'offre mondiale de bl&eacute;, soit, selon les pr&eacute;visions du minist&egrave;re am&eacute;ricain de l'Agriculture, pr&egrave;s de 70 des 212 millions de tonnes export&eacute;es sur la campagne 2023-24. Une capacit&eacute; colossale, qui augmenterait encore en temps de paix. Encourag&eacute;e par les difficult&eacute;s de Kiev &agrave; livrer ses c&eacute;r&eacute;ales et grains de tournesol, la Russie a lanc&eacute; une vaste offensive commerciale en Afrique et au Moyen-Orient.<h2>&laquo;&nbsp;Jeu politique&nbsp;&raquo;</h2>Geste symbolique, Moscou a livr&eacute; gratuitement quelque 200.000 tonnes de bl&eacute; &agrave; six pays africains. Mais, souligne Yann Lebeau, responsable du bureau d'Interc&eacute;r&eacute;ales couvrant l'Afrique subsaharienne, le bl&eacute; destin&eacute; &agrave; la Centrafrique, transform&eacute; en farine dans des moulins au Cameroun, n'a pas &eacute;t&eacute; gratuit pour les populations. Pour lui, si on peut parler de &laquo;&nbsp;dons&nbsp;&raquo; &agrave; un r&eacute;gime, &laquo;&nbsp;&agrave; la population, non&nbsp;&raquo;. Plus dommageable pour la fili&egrave;re fran&ccedil;aise est l'offensive russe en Alg&eacute;rie, d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;dans le top 5 des pays importateurs de bl&eacute; russe&nbsp;&raquo;, souligne Roland Guiragossian, responsable d'Interc&eacute;r&eacute;ales pour ce pays.Graphique &agrave; l'appui, il montre l'&eacute;volution rapide des &eacute;changes: la part de march&eacute; de l'ancienne puissance coloniale fran&ccedil;aise qui avoisinait 90% des importations alg&eacute;riennes de bl&eacute; en 2019-2020 est tomb&eacute;e &agrave; 20% pour la campagne en cours (2023-2024).Dans ce pays, comme dans d'autres en Afrique, l'initiative russe passe par la coop&eacute;ration militaire et en premier lieu la vente d'armes russes, qui repr&eacute;sentaient avant l'invasion de l'Ukraine &laquo;&nbsp;50% du march&eacute; des ventes d'armes&nbsp;&raquo; sur le continent, souligne Thierry Vircoulon, chercheur associ&eacute; &agrave;&nbsp;l'Institut des relations internationales et strat&eacute;giques (Iris).Le but de Moscou, qui avait avant-guerre des &eacute;changes limit&eacute;s avec l'Afrique - 20 milliards de dollars annuels contre 300 milliards avec la Chine et 280 milliards avec l'UE - est, &agrave; travers le groupe Wagner (et ses nouvelles d&eacute;clinaisons), qui conjugue &laquo;&nbsp;mercenariat, business et diplomatie secr&egrave;te&nbsp;&raquo;, d'abord &laquo;&nbsp;de faire de l'argent&nbsp;&raquo;, puis &laquo;&nbsp;d'&eacute;vincer l'Occident et la France en particulier&nbsp;&raquo;, affirme le chercheur. La fili&egrave;re c&eacute;r&eacute;ali&egrave;re fran&ccedil;ais a conscience d'&ecirc;tre au c&oelig;ur &laquo;&nbsp;d'un jeu&nbsp;politique&nbsp;&raquo; et a pour cela &laquo;&nbsp;besoin d'un accompagnement politique face &agrave; la puissance et &agrave; l'agressivit&eacute; russes&nbsp;&raquo;, a plaid&eacute; Philippe Heus&egrave;le, c&eacute;r&eacute;alier en Seine-et-Marne charg&eacute; des relations internationales pour l'interprofession.Alors que les produits agricoles sont exempt&eacute;s de sanctions au nom de la s&eacute;curit&eacute; alimentaire mondiale, les Etats baltes ont d'ores et d&eacute;j&agrave; suspendu les importations de produits russes. Et, selon des informations de presse, l'UE envisage d&eacute;sormais de limiter les importations de c&eacute;r&eacute;ales et&nbsp;d'ol&eacute;agineux en provenance de Russie et Bi&eacute;lorussie.

Producteurs, exportateurs, coopératives : ils étaient plus de 500 réunis mercredi à Paris pour une journée de réflexion sur « la menace russe » pesant sur la filière céréalière française, à l'heure où Moscou grignote les marchés historiques de la France.

Les céréaliers français s'inquiètent de « la menace russe »

&laquo;&nbsp;C'est la course-poursuite aux prix les plus bas&nbsp;&raquo;, constate S&eacute;bastien Poncelet, sp&eacute;cialiste des c&eacute;r&eacute;ales chez Argus Media France (cabinet Agritel). Sur Euronext, note-t-il, &laquo;&nbsp;le bl&eacute; est au plus bas depuis trois ans et demi&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;On est au niveau d'ao&ucirc;t 2020 sur l'&eacute;ch&eacute;ance la plus rapproch&eacute;e&nbsp;&raquo; avec une cl&ocirc;ture du cours mardi soir &agrave; 183,5 euros la tonne&nbsp;&raquo;, pr&eacute;cise-t-il.&nbsp;La tendance est la m&ecirc;me &agrave; la Bourse de Chicago, o&ugrave; le bl&eacute; am&eacute;ricain de vari&eacute;t&eacute; SRW (Soft Red Winter Wheat) pour le contrat rapproch&eacute; est descendu mardi &agrave; son plus bas niveau depuis plus de trois mois, &agrave; 5,475 dollars le boisseau (environ 27 kg).<div class="citation">
 "Le bl&eacute; chute parce que le potentiel est toujours l&agrave; en Russie et en Ukraine, qui vendent &agrave; prix cass&eacute;s"
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Partout, &laquo;&nbsp;le bl&eacute; chute parce que le potentiel est toujours l&agrave; en Russie et en Ukraine, qui vendent &agrave; prix cass&eacute;s&nbsp;&raquo;, explique Jon Scheve, de la soci&eacute;t&eacute; de conseil Superior Feed Ingredients. &laquo;&nbsp;En f&eacute;vrier, l'Ukraine a export&eacute; plus de 7 millions de tonnes de c&eacute;r&eacute;ales et ol&eacute;agineux: elle fait mieux qu'avant la guerre&nbsp;&raquo;, souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.Selon les donn&eacute;es de l'association de producteurs ukrainien UGA, les exportations, essentiellement du ma&iuml;s et du bl&eacute; en cette saison, sont en hausse de 16% par rapport &agrave; f&eacute;vrier 2023, et l'essentiel de ces produits quitte le pays via les ports de la r&eacute;gion d'Odessa (72%).En r&eacute;action, &laquo;&nbsp;les prix russes baissent jusqu'&agrave; arriver au niveau des prix ukrainiens, et les prix ukrainiens baissent encore. Les acheteurs en jouent en retardant leurs achats et en faisant jouer la concurrence au maximum&nbsp;&raquo;, analyse S&eacute;bastien Poncelet. &laquo;&nbsp;L'offre reste abondante&nbsp;&raquo; et les r&eacute;centes d&eacute;clarations du pr&eacute;sident russe Vladimir Poutine, qui a &eacute;voqu&eacute; des exportations de grains sup&eacute;rieures &agrave; 65 millions de tonnes pour la campagne en cours, ont &laquo;&nbsp;renforc&eacute; le sc&eacute;nario de l'offre surabondante&nbsp;&raquo;, rel&egrave;ve Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.<h2>&laquo;&nbsp;Ecluser les stocks exc&eacute;dentaires&nbsp;&raquo;</h2>Profitant de cette aubaine sur les prix, l'Alg&eacute;rie a achet&eacute; pr&egrave;s de 900.000 tonnes de bl&eacute; tendre &agrave; moins de 230 dollars la tonne (transport compris) pour juin. Elle avait pay&eacute; 265,5 dollars la tonne pour son pr&eacute;c&eacute;dent achat &agrave; la mi-janvier. &laquo;&nbsp;Une grande partie de ce contrat - avec origines optionnelles qui pourront varier jusqu'&agrave; la date de chargement - sera probablement russe, mais on parle aussi d'origines fran&ccedil;aise ou roumaine&nbsp;&raquo;, indique Damien Vercambre. &laquo;&nbsp;On voit quelques appels d'offre, de la Jordanie et de la Cor&eacute;e du Sud, mais pour des volumes faibles&nbsp;&raquo; de la part de &laquo;&nbsp;clients habituels&nbsp;&raquo;, d&eacute;taille-t-il.&nbsp;Personne ne se pr&eacute;cipite, car &laquo;&nbsp;il n'y a pas de craintes sur les volumes, ce qui n'est pas de nature &agrave; faire remonter les cours&nbsp;&raquo;, estime le courtier.&nbsp;Jusqu'aux Etats-Unis, &laquo;&nbsp;on n'a pas une demande qui justifierait des prix plus &eacute;lev&eacute;s. Les prix bas du bl&eacute; entra&icirc;nent ma&iuml;s et soja vers le bas&nbsp;&raquo;, signale Jon Scheve.Sur le march&eacute; europ&eacute;en, &laquo;&nbsp;le ma&iuml;s r&eacute;siste mieux&nbsp;&raquo;, apr&egrave;s un &laquo;&nbsp;plus bas&nbsp;&raquo; le 19 f&eacute;vrier, &agrave; 169 euros la tonne sur l'&eacute;ch&eacute;ance de juin, notamment du fait de r&eacute;cents achats de grain jaune ukrainien par la Chine, selon le cabinet Agritel. Et si ma&iuml;s et soja &laquo;&nbsp;se sont un peu repris depuis quelques jours&nbsp;&raquo; sur le march&eacute; am&eacute;ricain, &laquo;&nbsp;on n'est pas pr&ecirc;t &agrave; parler de plancher&nbsp;&raquo;, juge Jake Hanley, dirigeant de Teucrium Trading.Mais les cours du soja et du ma&iuml;s am&eacute;ricains pourraient &eacute;voluer une fois publi&eacute;s les nouvelles r&egrave;gles fiscales et abattements pour l'&eacute;thanol pour le carburant d'aviation durable (SAF) aux Etats-Unis, pointe Michael Zuzolo. &laquo;&nbsp;Jusqu'ici, chaque fois qu'une information permet au march&eacute; de se redresser, les fonds se remettent &agrave; vendre. On n'en sortira que lorsque les pays de la mer Noire auront &eacute;clus&eacute; leurs stocks exc&eacute;dentaires&nbsp;&raquo;, estime-t-il.

Ecrasé par une offre abondante de mer Noire qui capte l'essentiel de la demande, le prix du blé est tombé à son plus bas niveau depuis trois ans et demi sur le marché européen.

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