Certifications AB et HVE, un business sous contrôle

En France, 12 organismes certificateurs se partagent le « gâteau » des certifications officielles et privées, à l’essor florissant. Des organismes eux-mêmes sous contrôle et soumis à la concurrence.

Au 1er janvier 2021, 53.255 exploitations étaient certifiées bio tandis que 14.333 étaient certifiées HVE. A 500 euros minimum le contrôle annuel des exploitations AB et, s’agissant de la HVE, deux contrôles en trois ans facturés environ 300 euros l’unité, ces deux seules certifications constituent potentiellement un business florissant.

« C’est un domaine où les marges ne sont pas formidables, déclare Gilles Billon, responsable d’affaires chez Bureau Veritas. La certification bio en particulier demande beaucoup de moyens et exige de disposer d’une importante clientèle pour pouvoir les amortir. Et la concurrence profite aux agriculteurs ». Avec Ecocert et Certipaq, Bureau Veritas se place dans le trio de tête des organismes certificateurs (OC). Ils sont 12 organismes en France à bénéficier de l’agrément de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) et de l’accréditation Cofrac (Comité français d’accréditation).

"Sur les dix exercices passés, seuls les deux derniers ont été à l’équilibre"

Basé à Annecy (Savoie) et opérant actuellement sur la façade Est de la France, Alpes Contrôles est l’un des derniers venus sur le marché de la certification en agriculture, diversifiant ainsi son activité historique dans le secteur du bâtiment.  « Sur les dix exercices passés, seuls les deux derniers ont été à l’équilibre, déclare Jean-Henri Soumireu-Lartigue, responsable local certification bio. Au départ, on a peu de clients et on fait beaucoup de kilomètres, comme c’est le cas par exemple dans le Grand Est où l’on se développe actuellement ».

Avec l’engouement pour la bio et le développement de la HVE, les organismes certificateurs recrutent à tour de bras
Avec l’engouement pour la bio et le développement de la HVE, les organismes certificateurs recrutent à tour de bras

L’engouement pour la bio et le développement de la HVE, que la prochaine Pac ne va pas manquer de booster, soutiennent très fortement la croissance d’activité, sans compter la ribambelle de labels privés développés par des groupements de producteurs, des opérateurs aval ou encore la grande distribution. Les OC recrutent à tour de bras, ce qui génère au passage des coûts de formation. Les charges ne se cantonnent pas non plus aux déplacements et aux charges salariales. Il faut aussi compter avec les analyses de résidus. Les OC doivent en réaliser au minimum un nombre annuel équivalent à 5% du nombre de leurs clients agriculteurs, transformateurs, artisans, restaurateurs, commerçants.

Des organismes de contrôle sous contrôle

Investies des mêmes missions, les OC ont peu de marges de manœuvre pour faire valoir leurs différences. « Chez Alpes Contrôles, il n’y a pas de plateforme téléphonique et chaque agriculteur a comme interlocuteur unique son évaluateur, fait valoir Clémentine Metais, évaluatrice certification bio. Cette organisation nous procure une grande réactivité. Du coup, les agriculteurs n’hésitent pas à nous solliciter. Le jour de l’audit, en cas de défaut de conformité, on va bien évidemment sanctionner mais l’objectif est de tout faire pour ne pas en arriver là ».

N’allez pas imaginer une quelconque collusion entre agriculteurs et certificateurs. « Chaque, année, nous sommes systématiquement contrôlés par l’INAO et par le Cofrac, déclare Jean-Henri Soumireu-Lartigue. Le contrôle de l’INAO est basé sur le respect du cahier des charges, dans le cadre de nos procédures de contrôle. Il s’opère au siège sur la base de contrôles aléatoires de dossiers et sur le terrain, en présence de l’évaluateur. Le contrôle du Cofrac se concentre sur le respect des procédures, avec également une partie administrative au siège de l’entreprise et des contrôles sur le terrain. En général, tout se passe bien ». Comme chez les agriculteurs.