Charbon et clostridies : des épisodes mortels cet été

Cet été, de nombreux cas de mortalité foudroyante ont été observés au pâturage, dus au charbon symptomatique ou à l’entérotoxémie.

Le charbon symptomatique a été très présent cette année, avec des mortalités de veaux par dizaines dans plusieurs “montagnes” du département. Il est responsable d’une nécrose musculaire aiguë et on peut observer parfois avant que l’animal meure, un membre enflé ou une boiterie. En effet, la formation d’emphysème (gaz) et d’œdème (liquide) dans les parties musculaires épaisses des membres provoque des enflures chaudes et douloureuses avec de la boiterie. Les animaux se contaminent par pénétration des germes dans des microplaies cutanées ou buccales, par contact ou par ingestion.
Le retour du chardon symptomatique
Les cas de charbon se trouvent dans des pâtures où le germe est présent, dans le sol et sur l’herbe ; les clostridies du charbon symptomatique ont la particularité de produire des formes de résistance, les spores, qui survivent dans la terre plusieurs années. De plus, un animal mort de charbon dont le cadavre est laissé trop longtemps dans la pâture peut représenter un danger de dissémination dans les jours, les semaines ou les années   qui suivent… On parle alors de “champs maudits”, et le nombre d’animaux atteints peut vite être important dans des pâtures
contaminées. Les jeunes de moins de deux ans sont les plus sensibles à cette toxi-infection mortelle, mais elle est très facile à éviter en protégeant les animaux par des vaccins multivalents contre les clostridies (bactéries aussi à
l’origine des entérotoxémies).  
Clostridies : des morts fulgurantes
Les infections à clostridium sont généralement d’évolution fulgurante. La plus connue est l’entérotoxémie, qui survient au pâturage ou sur des animaux en stabulation et provoque, elle aussi, des morts brutales. Elle est due à la dissémination de toxines fabriquées dans l’intestin par des clostridium perfringens qui prolifèrent anormalement lors de dérèglements alimentaires et qui vont conduire à la mort. Elle est normalement présente dans l’intestin de tous les animaux ainsi que dans le sol, l’air et l’eau, mais c’est sa multiplication excessive qui est mortelle. Les organes digestifs gonflent très vite par développement de gaz, dont la pression peut occasionner rapidement une expulsion par l’anus des intestins.
Il est rarement possible de traiter ces maladies d’évolution rapide avant que les animaux meurent, même si les clostridies sont sensibles à des antibiotiques comme les pénicillines. Dans certains cas, des antitoxines sont disponibles, comme pour le tétanos, mais elles seront surtout efficaces en prévention.
Vaccination complète et peu coûteuse
Les infections à clostridium touchent souvent les veaux en pleine santé à croissance rapide, ainsi que les jeunes de bonne conformation ou les vaches hautes productrices ; l’impact économique peut alors être catastrophique. La vaccination existe contre le charbon symptomatique, l’entérotoxémie, l’œdème malin, le tétanos, et tout est rassemblé dans un même vaccin… qui est l’un des moins chers du marché. Au début du printemps, il s’agit de réaliser une vaccination (en deux injections) avant la sortie des animaux, en particulier sur les jeunes de moins de deux ans qui iront dans les pâtures “à risque” (montagnes, estives).
Attention, la protection peut être inefficace, si les animaux sont encore sous immunité maternelle.  Le vétérinaire du secteur sera le meilleur conseiller sur le protocole à suivre dans le troupeau.