Comment Apeel compte utiliser la data contre le gaspillage des fruits et légumes ?

La société américaine Apeel, qui a développé le concept de « seconde peau » pour prolonger la conservation des fruits et légumes, a abordé lors d’une conférence à Fruit Logistica, l’autre partie de son programme anti-gaspi : l’exploitation de la donnée tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

« Pour que 20 avocats soient mangés, on en gaspille 15 tout au long de la chaîne ! », commence Jason de Turis, vice-président d’Apeel. De la récolte jusqu’au consommateur, il y a des pertes à tous les stades. « Pour nous, ces pertes tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont liées à un manque de communication entre les différents acteurs (informations de stockage par exemple)». 

En plus de la technologie « seconde peau » appliquée sur le fruit, Apeel a donc l’objectif de créer « une architecture qui permette à chaque acteur de la chaîne d’avoir accès à toutes les données du produit », poursuit Jason de Turis.

Créer une database en décloisonnant les silos

« On collecte les données tout au long de la chaîne et on décloisonne les silos afin que tous les acteurs aient accès à cette base de données », développe Charles Frazier, le directeur R&D d’Apeel. Par données, les dirigeants d’Apeel entendent toute information sur le fruit ou le légume dès la production (pays d’origine, conditions de récolte, de transport, comportement de la couleur, critères d’âge, de qualité…). « Si on connaît l’historique chaque produit, on va pouvoir anticiper son comportement dans le temps », justifie-t-il.

En station, Apeel utilise par exemple différentes technologies pour collecter les données sur les fruits : thermique ou infrarouge (pour déterminer la fermeté, la matière sèche ; voir avant que ce ne soit visible à l’œil nu, les dommages causés par la chaleur…), les ultraviolets pour détecter la moisissure notamment ou encore l’imagerie hyperspectrale. L'idée est de connecter la base de données du produit aux informations produites par l’imagerie par exemple.

"Sur ces clémentines, avec les UV, on peut déjà détecter des dommages (moisissures) avant qu'ils n'apparaissent réellement", explique Charles Frazier, directeur R&D d'Apeel.
© Claire Tillier - FLD

Apeel prône aussi une information sur la durée de conservation du produit jusqu’au consommateur. Cela pourrait se faire par le biais d’un CR-Code qui indiquerait cette durée limite de conservation mais aussi d’autres données pouvant intéresser le client final. « 20 % des consommateurs sont prêts à payer plus cher un produit qui se conserve plus longtemps », déclare le vice-président d’Apeel qui précise que la base de données inclut aussi les informations sur les préférences de consommation du produit par zone etc.

Bientôt en France ?

« Nous parlons aussi avec les enseignes afin qu’elles changent l’étiquetage et communiquent sur la durée de conservation du fruit ou du légume ». En Allemagne, Apeel a comme partenaire Edeka. En magasin, « nous expliquons au consommateur ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons, en leur annonçant qu’ils pourront garder un avocat trois jours de plus par exemple ». Apeel a déjà mené des partenariats similaires avec des enseignes au Danemark, en Espagne, au Royaume-Uni. « Vous nous verrez bientôt en Italie et en France », annonce Jason de Turis.

Côté produits, Apeel travaille déjà sur un certain nombre de produits. L’ambition des dirigeants est d’introduire deux ou trois fruits ou légumes par an dans leurs recherches. « Cette année, nous travaillons sur le concombre », annonce pour sa part Charles Frazier.