Confinement, déjà un an !

Bovin : conjoncture sem 11-2021

Lors de la première période de confinement, personne n’avait imaginé se retrouver un an plus tard avec une situation aussi chaotique et que très partiellement sous contrôle. En l’espace d’un an, le rapport de confiance entre la population et la production agricole a évolué assez favorablement avec des consommateurs qui ont découvert la production locale, quand ils ne pouvaient pas ou ne voulaient plus faire leurs courses dans les grands centres commerciaux pour éviter la contamination. Le temps a passé, mais une partie de ces ménages est restée fidèle à la vente directe à la ferme ou sur les marchés. Toute la chaîne de distribution a également accéléré une relocalisation des produits dans les magasins. Cette mutation a été rapide, mais elle a été entachée par un renforcement du débat sur la végétalisation de l’alimentation et des prises de position contre la viande.

Cette première période covid a permis une certaine prise de conscience du mal-être des éleveurs, et de la sous-valorisation de leurs produits. En juillet, une revalorisation significative des vaches Charolaises a été actée par les grands abattoirs et a soutenu les prix des autres catégories (même si cela restait insuffisant au regard des coûts de production). Tout au long de l’année 2020, l’érosion de la production de viande s’est poursuivie, avec la disparition de nombreuses exploitations. Avec plus de 600 suicides, les éleveurs ont payé un très lourd tribu à la sous-valorisation de leurs produits qu’ils subissent depuis des années.

Lourdes pertes pour les éleveurs allaitants

Cette pandémie a été beaucoup plus dramatique pour la filière mâle sur un marché européen complètement bouleversé. En jeunes bovins, les échanges entre les pays qui ont été stoppés pour engendrer un vrai marasme avec un accroissement des stocks qui a fait plonger les prix et apparaître une nouvelle compétition entre les pays producteurs. Cette hécatombe a entrainé la baisse du prix des broutards et de lourdes pertes pour les éleveurs allaitants.

Dans le secteur aval, la restauration et la RHF sont sinistrées avec un impact important sur l’écoulement des aloyaux de milieu de gamme, et des échanges difficiles avec nos voisins européens.

La saignée observée depuis deux années dans la production commence à produire ses effets depuis quelques semaines, avec une tendance à la revalorisation des animaux, imposée par un équilibre offre/demande plus favorable.

A deux semaines de Pâques, de nombreux animaux de haute qualité se retrouvent sur les concours d’animaux de boucherie. Avec une offre en baisse de 20 à 25%, les acheteurs ont un peu plus de mal pour s’approvisionner, malgré une demande en repli. La chasse aux plaques suffit pour mettre en valeur le rayon boucherie, avec des chefs bouchers qui restent soucieux de l’équilibre économique de leur activité. La notoriété et la présence d’acteurs de la boucherie traditionnelle sont souvent des signes de réussite pour les concours.