Conjoncture – Haute tension sur le « Salon International de l’Agriculture ».

En invitant l’association controversée du « Soulèvement de la terre » Emmanuel Macron a agité un chiffon rouge aux yeux du président de la FNSEA, qui affirmé qu’il ne participera pas à ce débat. Sans représentant du premier syndicat français, ce débat perd toutes ses ambitions.

Conjoncture – A quelques jours du salon de l’agriculture, les syndicats agricoles maintiennent une très forte pression sur le gouvernement et les instances européennes. Les sujets sur la table de négociation sont connus depuis leurs mises en lumière avec la mobilisation des agriculteurs. Or l’Agriculture dans son ensemble est composée d’une multitude de filières qui ne présentent pas toutes les mêmes difficultés, avec des écarts de revenus très importants. Aujourd’hui, la production porcine se porte plutôt bien, alors que les éleveurs allaitants perçoivent toujours les plus bas revenus. Mais ce qui réunit ces deux filières en dehors des aspects financiers, ce sont les contraintes administratives issues d’un mille-feuille de normes européennes surtransposées par l’administration française. Hé oui, nous sommes les champions dans cet exercice.

Pour enrayer la destruction de la ferme France, il faut donner des perspectives. C’est ce que doit annoncer le gouvernement dans la loi de programmation agricole. Or cet exercice reste compliqué à définir dans une chaude ambiance européenne où les revendications sont aussi très nombreuses et viennent parfois s’entrechoquer avec les exigences françaises.

La production française est très résiliente et ne montre pas de grande adaptation au défi de la consommation de demain. L’élevage allaitant a pour but premier la production de broutards et de femelles, qu’il soit destiné au renouvellement des troupeaux, à l’export ou à l’engraissement sur le territoire pour la production de viande. L’élevage laitier a comme source majeure de revenu le lait. Dans ces deux cas, la viande passe au second plan, même si le prix de vente est non négligeable pour les éleveurs laitiers, voire très importants pour le secteur allaitant.

Le déséquilibre tarifaire dans les réformes laitières entre la France et les autres pays de l’UE s’estompe doucement face au recul global de la production. Néanmoins, les importations restent pénalisantes et limitent la reconquête de la RHF. La pression syndicale, le renforcement des contrôles sur la composition de produits et la volonté d’un renforcement des contraintes sur l’utilisation du logo «France» vont contraindre un certain nombre d’opérateurs à revoir leurs copies. Dans les GMS, la chasse aux produits ne respectant pas cette réglementation est en cours, pour ne pas avoir à subir le courroux des producteurs.

Le consommateur a également un grand rôle à jouer dans la valorisation des produits de nos éleveurs, maraîchers ou arboriculteurs…

Cette semaine, le Premier ministre, a annoncé une longue liste de mesures, visant à renforcer les agriculteurs dans leurs métiers, avec une nouvelle loi Egalim pour consolider leurs revenus, et un allégement drastiques des contraintes administratives. Les agriculteurs, non convaincus par ces annonces, même si elles sont importantes et attendues pour certaines, maintiennent la pression. Emmanuel Macron, a annoncé un grand débat au salon de l’agriculture, ou tout pourrait être mis sur la table avec l’ensemble du monde agricole, mais en invitant l’association controversée du « Soulèvement de la terre » (invitation annulée cette nuit), il a agité un chiffon rouge aux yeux d’Arnaud Rousseau (président de la FNSEA), qui affirmé qu’il ne participera pas à ce débat. Sans représentant du premier syndicat français, ce débat perd toutes ses ambitions.