Conjoncture – La pression monte dans les campagnes françaises

Alors que de l’autre côté de la frontière allemande, des manifestations gigantesques bloquent Berlin, les campagnes françaises s’animent dangereusement pour l’état et certains industriels.

Conjoncture – Les négociations commerciales avancent sérieusement entre les acteurs de la filière viande et les distributeurs sur fond de respect de l’envolée des coûts de production. Il n’y aura pas de baisse avec une inflation qui sera globalement contenue entre 2 et 3%. Cela ne veut pas dire que des ajustements produit par produit ne seront pas faits au regard de l’évolution des marchés. 

Dans un paysage où chacun s’accorde pour renforcer le renouvellement des générations, le ministre de l’Agriculture vient d’annoncer un projet de loi pour susciter des vocations et faciliter la reprise des exploitations. La souveraineté alimentaire est également un cheval de bataille, mais dans un monde économique où tout ne se décrète pas, il est important de regarder ce que nous réservent les différentes tractations en cours avec les grands blocs de production, où chacun essaie de se positionner en fonction de ses propres intérêts en fonction de chaque filière (ce qui profite aux uns peut être très pénalisant pour les autres). 

Alors que de l’autre côté de la frontière allemande, des manifestations gigantesques bloquent Berlin, la pression monte dans les campagnes françaises. La hausse des charges et l’accumulation de mesures destinées à verdir l’agriculture et imposées par une Europe résolument « verte » ont fait déborder le vase. Le monde agricole est à la croisée des chemins avec une nécessaire adaptation aux souhaits des populations dans la préservation de la planète, tout en maintenant un potentiel de production indispensable pour nourrir ces mêmes populations, dont les modes de consommation évoluent en permanence. Mais tout cela à un coût qui doit être reconnu, par les grands industriels et par les distributeurs. De son côté, l’état qui se dit au chevet des éleveurs et des cultivateurs doit assumer en n’accentuant pas les charges qui plombent l’agriculture en surtransposant les normes européennes ou surtaxant le GNR.

Dans ce paysage gris de ce début d’année, tout n’est pas négatif. Le niveau des prix de la viande à la production est stable et subit beaucoup moins les aléas conjoncturels comme il y a quelques années. Les producteurs laitiers sont, quant à eux, très attentifs sur l’évolution du prix du lait avec de très gros écarts entre les industriels en fonction de leur positionnement sur le marché.

Dans l’esprit des Français, la viande est un produit noble qui est cher, mais cela doit être relativisé par rapport à d’autres produits comme le poisson. Les industriels de la viande, qui doivent déjà faire face à la baisse des effectifs, sont, quant à eux, dans une situation très compliquée à gérer. Le manque de personnel qualifié est récurrent, mais ce sont les charges énergétiques qui sont les plus préoccupantes. 2024 sera certainement l’année de grosses restructurations. Le milieu du négoce ou de la coopération va également devoir s’adapter à cette baisse des effectifs de bovins et du prix des carburants. Faire voyager un camion à vide ou à mi-charge coûte trop cher, notamment sur de longues distances.