Consommation agricole d’eau : les vrais chiffres du Cantal

Secteur économique phare du département, l’agriculture absorbe en direct moins de 0,2 % de la pluviométrie annuelle.

Non, l’agriculture n’est pas un puits sans fin, à la soif inextinguible, puisant sans vergogne dans une ressource en eau devenue plus que jamais précieuse, comme l’inoculent quotidiennement dans les médias et sur les réseaux sociaux des hydrogéologues autoproclamés. Dans le Cantal, la Chambre d’agriculture a pris le taureau par les cornes, ou du moins la calculatrice, pour quantifier et objectiver la consommation réelle de l’agriculture en s’appuyant en premier lieu sur les données pluviométriques de Météo-France. La pluviométrie moyenne dans le Cantal entre 1991-2020 - norme agrégée qui sert de référence - s’élève ainsi à 1 195,5 mm. Ces précipitations, ramenées à la superficie totale du département (577 800 ha), équivalent à 6,9 milliards de mètres cubes annuels qui s’y déversent. Avec 10,9  millions de mètres cubes annuels (Mm3/an), la consommation agricole ne dépasse pas 0,15 % de ces volumes, une eau très majoritairement (à plus de 93 %) destinée à l’abreuvement des animaux, le reste servant au lavage des installations (eaux de traite, 0,008 %) et à l’irrigation (0,008 %).
De la marge pour le stockage hivernal
La consommation humaine domestique des Cantaliens(1) se chiffre elle à 6,3 Mm3/a, soit 0,09 % de la pluviométrie annuelle, quand le secteur industriel en absorbe 0,01 % soit moins de 1 Mm3 annuel, selon les données du schéma départemental d’alimentation en eau potable et celles de la Mage (mission d’assistance à la gestion de l’eau) du Département.
Quid des 6,98 milliards restants ? Ils viennent alimenter rivières, cours d’eau et  aquifères (peu profonds dans le département) mais aussi hydrater prairies et cultures(2) (céréales, maïs ensilages), soit près de 356 000 ha, pour des besoins totaux évalués par la Chambre d’agriculture(3) à 747 Mm3 représentant 10,81 % de la pluviométrie annuelle. En conséquence, la consommation directe et indirecte de l’agriculture cantalienne ne dépasse pas 11 % de l’eau qui tombe dans le Cantal. “Il y a donc une fraction très faible prélevée pour l’élevage et les besoins agricoles”, relève Vincent Nigou, chef du pôle juridique et territoire, en charge de cette étude, précisant que ce bilan peut masquer des variations infra-annuelles avec des périodes de tension comme on a pu les observer ces dernières années dès le mois de juin. “Ces chiffres plaident aussi en faveur de la possibilité d’un stockage supplémentaire de la ressource dans les périodes d’abondance”, complète le responsable.

(1) Sont pris en compte les consommations à moins de 400 m3/an, qui peuvent être assimilées à celles des particuliers.
(2) Manque encore à cette étude l’estimation de la consommation annuelle des surfaces forestières.
(3) En se basant sur les références du CNRS et de la chambre d’agriculture Savoie-Mont Blanc.