De l’herbe à profusion mais des nuages (sans eau) à l’horizon

Au 20 avril, la production cumulée des prairies permanentes est supérieure de 24% à la normale. Mais la vidange des nappes est plus précoce. Le gouvernement anticipe un risque de sécheresse en augmentant de 100 millions d’euros le plafond de dépenses des agences de l’eau.

Selon Agreste, la pousse cumulée des prairies permanentes au 20 avril dépasse de 24 % celle observée au niveau national sur la période 1989-2018. Ce bon début de campagne est la conséquence des températures élevées depuis février, la faiblesse des précipitations n’ayant à ce jour que peu d’impact sur la pousse de l’herbe. Le rendement des prairies est excédentaire dans les deux-tiers des régions fourragères regroupant 80% des surfaces en prairies permanentes. L’excédent est important dans la moitié Nord, normale dans le Sud-Ouest mais fortement déficitaire en Paca.

La production en ce début de campagne n’est toutefois pas exceptionnelle au regard des années 2019 et 2020, et surtout 2014. Elle représente 25% de la production annuelle attendue, soit 5 points au-dessus de la normale.

Les alertes du BRGM et de Météo-France

Plusieurs indicateurs sont de nature à tempérer cet optimisme fourrager, à commencer par l’état des nappes phréatiques. Selon le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), la période de vidange a débuté dès février avec deux à trois mois d’avance. Alors que l’étiage de l’automne 2021 était peu sévère, la situation s’est rapidement dégradée, du fait de l’insuffisance de pluies dans cette période charnière qu’est la fin de l’hiver. Le BRGM juge la situation particulièrement préoccupante sur les nappes entre Vendée, Périgord et Maine ainsi que sur les nappes de Provence et de la Côte d’Azur.

Par ailleurs, selon les prévisions saisonnières de Météo-France, le scénario le plus probable pour ce printemps est une période plus sèche et chaude que la normale. Pour rappel, les prévisions saisonnières de Météo-France, établies chaque mois, dégagent des tendances probabilistes à l’échelle de l’Europe sur trois mois. Établies par différents modèles, elles sont fondées sur l’état du système climatique global (observations des océans, de l’atmosphère et des glaces de mer) et ne sont pas assimilables à des prévisions météorologiques.

L’anticipation du gouvernement

Face au risque de sécheresse, le gouvernement a pris les devants en augmentant de 100 millions d’euros le plafond de dépenses des agences de l’eau. Une décision qui découle des conclusions rendues le 1er février par le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique et qui va se traduire par différents leviers tels que l’accompagnement des filières agricoles dans leur stratégie d’adaptation, l’amélioration de la résilience des territoires et la gestion de la ressource en eau (solutions fondées sur la nature, optimisation des retenues existantes, création de nouvelles retenues, réutilisation des eaux usées traitées, économies d’eau), le soutien les collectivités territoriales dans leurs initiatives visant à économiser l’eau et éviter toute pénurie d’eau potable ou encore l’amélioration de  la résilience des milieux naturels pour garantir la pérennité des usages (désimperméabilisation des espaces urbains par la création d’infrastructures naturelles, déconnexion des eaux pluviales pour infiltration favorisant le rechargement des nappes et réduisant la pollution des eaux).