Deux réserves en projet dans le Puy-de-Dôme

Près de Billom (Puy-de-Dôme), un collectif de 36 agriculteurs projette la construction de deux réserves de substitution pour stocker jusqu'à 2,3 millions de mètres cubes d'eau en période hivernale.

C'est un projet d'envergure qui se dessine dans la plaine de Limagne. Près de Billom, un collectif de 36 agriculteurs entame les études environnementales pour la construction de deux réserves de stockage. Contrairement aux infrastructures similaires des Deux-Sèvres, les deux réserves puydômoises ne puiseront pas l'eau dans les nappes souterraines mais dans la rivière Allier, en période de hautes eaux. Elles permettront ainsi en période estivale, l'irrigation de 800 hectares de cultures diverses tout en soutenant le réseau d'irrigation existant mais saturé et d'ouvrir des réseaux chez des agriculteurs qui en sont aujourd'hui dépourvus.
Un projet optimisé
Le projet des 36 agriculteurs de l'ASL des Turlurons consiste à la construction de deux réserves. La première devrait s’implanter sur la commune de Bouzel et occuperait une surface de 15 ha pour permettre le stockage de 1,05 M de mètres cube. La seconde sera construite non loin de là, sur la commune de Saint-Georges-sur-Allier sur une surface de 18 ha pour 1,25 M de mètres cube. Chacune permettra l'irrigation de 400 hectares de cultures dont du maïs semence et du blé mais aussi de l'ail, des prairies, des pommes de terre et autres légumes de plein champ. Le foncier concerné appartient aux membres du collectif. Quant à l'eau, elle proviendra de l'Allier par pompage hivernal (entre le 1er novembre jusqu'au 31 mars) lorsque le débit de la rivière sera supérieur à 47,5 m3/s, « conformément aux autorisations départementales » souligne Florian Laloire. Et afin d'optimiser au mieux cet investissement et réduire les pertes par évaporation, l'ASL étudie la possibilité d'installer des panneaux photovoltaïques à la surface de l'eau.
50% des porteurs non irrigants
L'agriculteur billomois place de nombreux espoirs dans la réalisation de ce projet dont celui de maintenir voire développer la culture de l'ail rose de Billom. Face à la hausse des températures et les épisodes de sécheresse, l'irrigation est devenue indispensable pour garantir à cette culture ancestrale, un rendement quantitatif et  et qualitatif. « Sans eau, les têtes d'ail sont trop petites pour être commercialisées aux normes GMS ».
Lui aussi espère à travers ces deux réserves voir son activité être durablement pérennisée. Philippe Planche est producteur de lait sur les côteaux d'Égliseneuve-près-Billom. Il s'engage dans le projet des réserves pour ouvrir un réseau d'irrigation sur son exploitation et sécuriser l'alimentation de son troupeau de 100 vaches. « Aujourd'hui j'achète des tourteaux mais j'aimerais pouvoir m'en détacher par la production de pois, de luzerne et d'autres protéagineux pour devenir autonome et optimiser mes charges de production ». L'irrigation est la pièce qui manque à son puzzle. Face à la hausse des températures et aux sécheresses, l'éleveur a déjà revu les assolements de ses cultures ainsi que ses pratiques mais ces efforts restent vains. « Les pluies sont devenues trop incertaines. »
Comme lui, ils sont une quinzaine d'agriculteurs pour qui les deux réserves permettront d'avoir accès pour la première fois à l'irrigation. Ces nouvelles surfaces irriguées, les agriculteurs du collectif souhaiteraient les mettre au profit à la fois du maintien des productions des filières existantes, de l’adaptation des pratiques au dérèglement climatique mais aussi, et surtout, de la communauté. « Nous avons rencontré les élus de Billom Communauté, Mond'Arverne Communauté et de Clermont Auvergne Métropole pour leur présenter notre projet et ouvrir la porte à des échanges pour de la production locale de légumes de plein champs qui seraient consommés sur le territoire » explique Vincent Delarbre, agriculteur et membre de l'association.  
Les deux réserves pourraient être exploitables dès mai 2026.