Doit-on aller vers une consommation élitiste ?

Une viande trop chère pénalise les ménages à bas revenus et ouvrir le champ des possibles aux protéines végétales aux viandes d’importation.

Bovins de boucherie – Alors que la consommation mondiale est en croissance dans les pays où le niveau de vie progresse, l’Europe cherche à orienter l’esprit des consommateurs vers une décroissance de la consommation de viande. Et le consommateur suit. La pensée humaine est très modelable et sous des influences politiques (en orientant les décisions vers tel ou tel enjeu, souvent sous influence des lobbyistes), idéologiques (végan, pescétarien…), environnementales ou religieuses (pas de porc pour les musulmans et de poisson le vendredi pour les chrétiens, même si cette dernière n’est plus beaucoup d’actualité). Manger de la viande rouge est un signe de réussite dans de nombreux pays. Mais depuis quelques années les modes alimentaires changent toujours sous l’influence de personnes qui servent telle ou telle industrie ou politique. La montée en puissance de la consommation de la viande hachée n’est pas un choix des consommateurs, mais elle découle d’une orientation de leurs habitudes alimentaires souvent initiées dans les cantines et renforcées par les fast-foods, le tout sous la puissance des grands acteurs mondiaux de l’industrie de la viande. Aujourd’hui, les enjeux économiques changent de camp avec une forte montée en puissance du végétal. Il a tous les atouts comparés aux produits carnés que l’on dénigre avec le renfort des médias. Les politiques toujours sous influence rebattent les cartes et façonnent les consommateurs de demain en commençant toujours par les enfants (menu végétarien dans les cantines), avec en carte de fond la sauvegarde de la planète (bel argument).

Si les bovins sont de gros émetteurs de gaz à effet de serre, l’homme et ses activités le sont tout autant, voire plus. Se servir de l’industrie des grands Feed-lots américains, brésiliens ou australiens pour cibler la viande rouge est plus facile que de contrer un élevage français nourrit à l’herbe.

Le déclin de la consommation est engagé avec une crise économique qui modifie les choix des ménages vers les produits à bas prix et, dans l’esprit des consommateurs, le steak haché fait partie de ces produits (malgré les fortes hausses de cette année). Il en découle une modification importante dans la façon de gérer les carcasses d’animaux. Des changements importants sont à venir, car si jusque-là les industriels pouvaient allégrement se servir des réformes laitières, la décroissance des cheptels et la pyramide des âges vont les obliger à trouver d’autres sources. Le renforcement de la production de jeune bovin en fait partie. La matière première est sur notre territoire, mais le plus compliqué est de trouver les éleveurs avec un modèle économique qui leurs assurent un revenu décent. Les races allaitantes, qui font la fierté de nos éleveurs, sont prises en étaux entre une revalorisation des prix et la baisse des ventes dans les magasins. Doit-on aller vers une consommation élitiste ?

Une viande trop chère, c’est également ouvrir le champ des possibles aux protéines végétales ou aux imitations de viande. Cela va également générer une plus grande fragilité de nos produits face à la concurrence étrangère (européenne en premier lieu). Les écarts de valorisation des réformes laitières entre les pays sont conséquents, malgré le recul global des cheptels. Les importations sont en progression sur notre marché qui reste pourtant largement protégé par le VBF et la volonté affichée de l’état et des consommateurs de privilégier la viande française. C’est en revanche dans les circuits RHD, où le prix d’achat revêt une importance cruciale, que l’on retrouve des viandes irlandaises, allemandes, polonaises…

Le rapport offre/demande est de plus en plus tendu, avec des industriels qui sont très préoccupés par la charge de travail de leurs abattoirs et des unités de transformation. Sans volume, les coûts progressent, sans compter l’obligation de servir les clients. Tout ceci dans un cadre où il est difficile de trouver du personnel, et où les charges explosent.  

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