Écoantibio 3 : conforter les « excellents » résultats des Plans Écoantibio 1 et 2

-23% chez les bovins, -64% chez les lapins, -67% chez les porcs et -72% chez les volailles : telle est l’évolution de l’exposition aux antibiotiques enregistrées par les filières d’élevage entre 2011 et 2022, selon l’Anses. Estimée à partir des quantités vendues, de la posologie recommandée et de la population d’animaux, l’exposition des animaux d’élevage a baissé de 52% en dix ans toutes espèces de rente confondues. A titre indicatif, chez les chiens et chats, elle a baissé de 3% sur la même période.

Encore plus spectaculaire est la baisse enregistrée en matière d’antibiotiques critiques, ainsi dénommés lorsqu'ils constituent la seule option pour le traitement de certaines maladies infectieuses graves chez l’homme : -90% en dix ans chez les animaux d’élevage (-65% chez les chiens et chats).

L’Anses fait état de son côté d’une diminution générale de l’antibiorésistance en santé animale au cours des deux dernières décennies. A l’exception des équidés, « les taux de bactéries résistantes continuent globalement de diminuer, conséquence des efforts persistants pour réduire l’utilisation d’antibiotiques en médecine vétérinaire », indique l’agence sanitaire, qui appelle à « élargir la surveillance des bactéries résistantes aux antibiotiques dans les denrées alimentaires, en incluant les produits d’aquaculture et les animaux de production vivants en provenance de pays hors de l’Union européenne ».

Conforter les Plans Écoantibio 1 et 2

Selon le ministère de l’Agriculture, les « excellents » des Plans Écoantibio 1 et 2 sont à mettre sur le compte de « l’engagement des vétérinaires, des éleveurs, des filières de production animale et de l’ensemble des acteurs de la formation et de la recherche ». Compte tenu des risques que fait peser l’antibiorésistance sur la santé humaine et animale, qui selon l’OMS génère 5 millions de décès par an avec des projections de 10 millions à 2050, le gouvernement vient de lancer la Feuille de route interministérielle « Prévention et réduction de l’antibiorésistance, lutte contre la résistance aux antimicrobiens ».

Le Plan Écoantibio 3, couvrant la période 2023-2028, en est la déclinaison en santé animale. Il est dépourvu, d’objectifs chiffrés, à l’exclusion des chiens et chats (-15%). « Les marges de manœuvre étant réduites, l’enjeu est de conforter les résultats, notamment en mettant l’accent sur la prévention », indique le ministère de l’Agriculture, qui mise sur la formation des éleveurs, l’incitation à vacciner davantage, la mise en œuvre de pratiques d’élevage permettant de réduire les risques d’apparition de maladies. Un budget annuel de 2 millions d’euros abondera les 25 mesures du nouveau plan.

Elargissement du spectre de surveillance

Centré sur les résistances aux antibiotiques, le Plan Écoantibio 3 va s’ouvrir pour la première fois à la surveillance d’autres antimicrobiens que les antibiotiques, à savoir les antiviraux, les antifongiques et les antiprotozoaires, ainsi qu’aux antiparasitaires. Cette évolution s’inscrit dans un cadre européen, la règlementation européenne ayant étendu la collecte des données d’usage à l’ensemble des antimicrobiens. Ces données doivent permettre de mieux cibler les actions à mener pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens. En France, la remontée des données d’utilisation des antimicrobiens pour toutes les espèces animales a été lancée en avril 2023 via l’application en ligne Calypso.