2018, une "année charnière" pour les coopératives laitières françaises

L'année 2018 sera une "année charnière" pour les éleveurs laitiers regroupés en coopératives, au moment où le gouvernement français tente d'apaiser les relations commerciales et que l'Europe cherche un marché pour son stock de poudre de lait, a indiqué jeudi le président de Coop de France Métiers du Lait.

"2018 est une vraie année charnière", car "la filière laitière française a besoin de plus d'années favorables et les adhérents ont besoin de refaire leur trésorerie" après la sévère crise qu'a connu le secteur en 2015/2016, a expliqué Damien Lacombe, également président de Sodiaal, la plus importante coopérative laitière française, lors d'une conférence de presse. "Après une année 2016 et un début d'année 2017 en demi-teinte, il y a une vraie dynamique de production en Europe comme en France. Nous ne sommes pas résolus à avoir une année 2018 qui se solde par des problèmes plus importants", a-t-il prévenu. "L'objectif, c'est d'aller chercher de la valeur en profitant de cette année où on a une fenêtre de tir pour changer nos relations avec la grande distribution", qui doit notamment entrer dans l'interprofession laitière, a expliqué M. Lacombe. Le gouvernement a présenté mercredi un projet de loi censé mettre fin à la guerre des prix entre distributeurs et redonner un peu d'air aux agriculteurs, premier volet de sa feuille de route pour réformer le secteur de l'agroalimentaire français, dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.  

Mais au-delà du cadre national, ce sont aujourd'hui les quelque 400.000 tonnes de poudre de lait accumulées au plus fort de la crise du lait par l'Union européenne, pour tenter de soutenir le prix qui était alors en chute libre, qui pèsent sur les cours."Nous avons proposé des solutions pour donner des destinations différentes à ce lait que la vente sur les marchés", car "la communauté européenne est sur la défensive avec une vision qui ne nous satisfait pas", indique M. Lacombe. Coop de France métiers du lait est par contre "d'accord avec les propositions du ministère de l'Agriculture" de rediriger ces stocks vers l'alimentation animale, même si le prix n'est pas très élevé.

Pour M. Lacombe, "il faut que nous soyons acteurs aujourd'hui dans la gestion de ces stocks, en trouvant une méthode de financement pour que les stocks soient accessibles pour une utilisation moins valorisée qu'est l'alimentation animale: en mettant un euro sur la table, on peut récupérer beaucoup en termes de valorisation", et on pourrait ainsi "passer l'année 2018 de manière correcte". En payant la différence entre le prix d'achat de cette poudre de lait et son prix de vente pour l'utiliser comme alimentation animale, les producteurs laitiers européens aideraient ainsi à maintenir les cours actuels du lait sur le marché mondial. Coop de France métiers du lait est donc en train "de prendre contact avec les coopératives de l'Union européenne" dans ce but. "Nous avons de bons échos des Pays-Bas et de l'Allemagne, il faut avoir pression politique forte pour juguler ce stock", selon M. Lacombe.