Agrandissement du troupeau laitier : opter pour un robot, un salarié ou un associé ?

Comment organiser le travail dans les exploitations de grands troupeaux ? Plusieurs les alternatives ont été étudiées par Emmanuel Beguin, chercheur à l’Idele. Elles étaient présentées lors de la journée "Grand Angle Lait", le 4 avril.

Face à l'agrandissement des troupeaux laitiers, l'organisation du travail évolue. Parmi les exploitations produisant plus de 800 000 litres de lait, en 2013, 54% étaient organisées sous forme d'associations familiales, 30% sous forme d'associations non familiales, 10 % sous forme individuelle avec un salarié permanent et 6% sous forme individuelle sans salarié permanent. Par rapport à 2010, toutes ces formes d'organisation sont en augmentation, excepté les associations non familiales, qui sont en repli. 

Comment expliquer le recul des associations non familiales ? Dans les grands collectifs de travail, les tâches peuvent être réparties et il est possible de se remplacer en cas de besoin. « Travailler à plusieurs, c'est pouvoir échanger, brasser des idées, se soutenir moralement, partager les risques et le stress », explique Emmanuel Beguin. Mais face à cela, certains collectifs rencontrent des difficultés. L'organisation est complexe, car il faut parvenir à concilier les durées et rythmes de travail de tous les associés. L'entente n'est pas toujours au rendez-vous quand il faut prendre des décisions. Enfin, « le rythme de travail est plus soutenu, plus cadré » dans un collectif, précise Emmanuel Beguin. « La charge de travail est particulièrement lourde quand on est d'astreinte le weekend », ajoute-t-il.

Certains producteurs de lait font alors le choix d'embaucher un salarié. Raison principale invoquée : « ne pas avoir à gérer les relations avec un associé ». « Le salariat leur permet de trouver rapidement de la main d'œuvre, alors que trouver un associé, cela prend du temps », complète-t-il. Mais en contrepartie, le salariat a un coût, il faut aussi gérer les congés, les 35 heures et les arrêts maladie. Un salarié est également moins incité à s'investir dans son travail qu'un associé. Sans compter qu'un éleveur qui s'entoure de salariés ne partage ni les risques, ni la charge mentale liée à son activité. 

D'autres producteurs optent enfin pour le robot de traite. Ce dernier constitue une alternative à l'embauche d'un salarié, pour l'agriculteur qui ne souhaite pas devenir manager. À l'inverse, il peut être considéré, sur des exploitations laitières qui travaillent en collectif, comme « un facteur motivant », en supprimant l'astreinte de la traite. Le robot présente l'avantage de réduire la pénibilité du métier. Néanmoins, il ne sera jamais aussi polyvalent qu'un homme...