Informations : antibiotiques et impacts de l’alimentation et de l’abreuvement

Journée GDS Creuse-GTV 23 => Pour cette 20ème journée annuelle (le 10/10/2019), les vétérinaires intervenant en Creuse ont échangé autour des actualités sur l’antibiothérapie et des impacts de l’alimentation et de l’abreuvement sur la santé des bovins allaitants.

Les vétérinaires intervenant en Creuse ont, de nouveau, répondu présents à l'invitation de GDS Creuse et du Groupement Technique Vétérinaire 23. 15 cabinets étaient représentés sur la journée pour s'informer et échanger sur les deux thématiques retenues cette année, en relation directe avec l'actualité.

Antibiothérapie et antibiorésistance

L'antibiorésistance est devenue un enjeu majeur de société avec une stigmatisation de l'élevage le plus souvent injustifiée. Un tour d'horizon sur les nouveautés en matière d'antibiothérapie et sur la réglementation a été proposé aux vétérinaires présents

Antibiothérapie, et si la notice ne nous disait pas tout ?

Laurent Mangold, vétérinaire praticien et référent national antibiotique, a reposé les bases d'une antibiothérapie réussie. La plupart des antibiotiques encore utilisés de nos jours ont obtenu leur AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) il y a une trentaine d'années. Les posologies indiquées sur la notice ont été établies à l'époque en tenant compte des connaissances du moment. Mais le contexte a beaucoup évolué sur cette période, avec une connaissance plus fine des mécanismes d'apparition des antibiorésistances chez les bactéries et de fonctionnement des antibiotiques. Ces éléments amènent à revoir les préconisations de prescription, sans forcément tenir compte de ce qui est encore indiqué sur la notice.

Vite, Fort, Longtemps, est-ce toujours d'actualité ?

Ces trois points constituaient la pierre angulaire du traitement antibiotique au siècle dernier. Pour le Vite, cela reste plus que jamais d'actualité. Les antibiotiques fonctionnent d'autant mieux qu'ils sont utilisés précocement, avant que la colonie bactérienne ne soit trop implantée. Pour l'éleveur, cela signifie qu'il faut traiter dès les premiers symptômes de la maladie, sans attendre « pour voir si cela s'arrange seul ». Pour le Fort, les recommandations actuelles sont même « Plus Fort ». En effet, aux posologies recommandées, la plupart des bactéries sont détruites mais seules survivent les « mutantes ». L'animal peut paraitre cliniquement guéri mais il va rester porteur de ces bactéries résistantes qu'il va disséminer dans l'environnement. Pour le Longtemps, en revanche, il est d'autant moins nécessaire que les deux premières étapes ont été efficaces. Pour la très grande majorité des pathologies, 5 jours d'antibiothérapie suffisent. L'emploi des antibiotiques s'est malheureusement banalisé et même les éleveurs consciencieux favorisent sans le savoir l'apparition de bactéries résistantes. Dans tous les cas, avant d'utiliser des antibiotiques, rapprochez-vous de votre vétérinaire qui vous conseillera.

Quelle évolution de l'antibiorésistance en Creuse ?

Le laboratoire départemental d'Ajain a présenté les chiffres comparés de ces dernières années et, si la situation n'est pas dramatique, elle reste inquiétante. Les contraintes d'emploi des antibiotiques critiques ne semblent pas encore porter leurs fruits, les résistances à ces molécules étant stables. En parallèle, la situation se dégrade pour la colistine ou l'apramycine, deux familles d'antibiotiques très utilisées ces dernières années. Cela vient rappeler la nécessité de tout faire d'un point de vue sanitaire dans l'élevage pour limiter l'apparition de pathologies et l'emploi d'antibiotiques.

Que propose le plan Ecoantibio 2 ?

La DDCSPP de la Creuse a présenté les éléments de ce plan. Il fait suite au plan Ecoantibio 1 2012-2016, salué comme une grande réussite pour le monde de l'élevage : baisse de la consommation globale d'antibiotiques de 35 % (objectif fixé 25 %) et de 50 % pour les antibiotiques critiques (objectif fixé 25 %). Le plan Ecoantibio 2 2017-2021 met plus l'accent sur la nécessité de mise en œuvre de mesures préventives dans les élevages et sur la possibilité de recourir à des médecines alternatives, dans la mesure où elles ont fait la preuve de leur efficacité et qu'elles respectent la réglementation en vigueur. Par ailleurs, la DDCSPP a de nouveau sensibilisé les éleveurs et les vétérinaires à la nécessité d'enregistrer les traitements effectués sur les animaux et à stocker les médicaments dans de bonnes conditions de conservation.

Impacts de l'alimentation et de l'abreuvement sur la santé du bovin allaitant

Dans un contexte de sécheresse, les éleveurs sont confrontés à des difficultés pour assurer les bons apports à leurs animaux. Il faut cependant avoir conscience qu'un déficit alimentaire ou une eau de qualité médiocre auront obligatoirement des répercussions sur la santé du troupeau.

Quels impacts des déséquilibres alimentaires sur les bovins allaitants ?

Fabien Lagoutte, vétérinaire praticien dans l'Aveyron et investi dans la gestion alimentaire des bovins, a détaillé les pathologies rencontrées lors de déséquilibre alimentaire. Il a démontré un impact direct des carences ou des excès en énergie ou en protéines sur les diarrhées néonatales, les omphalites ou les troubles de la reproduction. L'explication est double, une baisse des défenses immunitaires sur la vache d'où un colostrum de mauvaise qualité et, pour les diarrhées, un lait modifié et donc indigeste. Ces problèmes sont accrus si, dans le même temps, les animaux sont carencés en macroéléments ou en en oligoéléments. A l'aide d'analyses sanguines et en observant les vaches, on peut déterminer les causes des problèmes et mettre en place des mesures correctrices. Cela passe principalement par une bonne valorisation de l'herbe lors de la récolte, une analyse des fourrages pour fixer des rations type et une correction des carences (très fréquentes dans nos sols).

L'abreuvement des bovins, souvent négligé

En contexte de sécheresse, les ressources en eau se raréfient et le risque est important d'abreuver ses animaux avec une eau de qualité médiocre, potentiellement dangereuse pour la santé des bovins et ayant un impact important sur la production. Avec le réchauffement climatique, l'autonomie en eau des élevages va devenir un enjeu majeur, qu'il va falloir anticiper pour ne pas être démuni en période estivale ou surconsommer sur le réseau d'eau potable, avec le risque de pénurie sur certains secteurs. Là encore, des solutions existent, que ce soit le captage d'eau souterraine (forages, bonnes sources) ou l'emploi d'eau de surface mais après traitement par des installations adaptées.

Une boîte à outils GDS Creuse qui évolue

Cette journée a également permis de présenter aux vétérinaires présents le nouvel outil mis à votre disposition, WebGDS, le nouveau carnet de vêlage GDS Creuse et les adaptations de notre boîte à outils : kit diarrhée, respiratoire, avortement, parasitisme... Ils s'inscrivent dans un objectif de maitrise de l'emploi des antibiotiques par le développement de l'approche collective du troupeau, avec notre concept « Le sanitaire... j'adhère ! ». Pour mieux connaître l'ensemble de cette « boîte à outils GDS Creuse » pour les différentes espèces, consultez le site www.gdscreuse.fr. Vous les retrouverez également dans votre prochain GDS Creuse Mémo actualisé que vous allez recevoir en fin d'année. Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à contacter votre vétérinaire ou GDS Creuse.