Une embellie pour les producteurs de lait

Après une année 2016 particulièrement difficile, les résultats de l’étude annuelle Cogedis font apparaître une amélioration de la situation des exploitations laitières pour la campagne 2017/2018. Cette éclaircie demeure insuffisante pour faire face à un éventuel retournement de conjoncture.

Le prix du lait a connu une hausse de 10 % pour atteindre 333,32€ /1 000 l lors de la campagne 2017/2018. Il ne faut malheureusement pas compter sur le caractère durable de cette embellie. En effet, la pénurie de beurre, et donc l'augmentation de son prix, explique en grande partie la hausse du cours du lait. Mais par ailleurs, les stocks de poudre de lait restent très importants en Europe, ce qui risque encore de peser sur les prix. En outre, les ménages diminuent leur consommation de produits laitiers... On peut donc s'attendre à une diminution de la demande. Les producteurs doivent plutôt miser sur le progrès des performances technico-économiques pour continuer à améliorer les résultats financiers des exploitations.

-2 €/1 000 L

La baisse du prix des intrants a entrainé une baisse des coûts de production, à hauteur de 2€/1000 litres de lait. L'alimentation est le principal poste d'amélioration avec 1,8 % de baisse. Le poste de mécanisation reste important avec 23 % du coût total et continue d'augmenter (+ 2,3 %). La baisse des autres charges de structure compense cette hausse. Après un net recul sur le 1er semestre 2017 en raison d'un déficit en fourrages, la collecte de lait est en augmentation sur la 2e partie de campagne, les conditions climatiques favorables ayant permis d'obtenir un maïs fourrager de qualité. Au total, la hausse de collecte s'établit à 3,3 %. En 2018-2019, une baisse est prévisible suite à la sécheresse estivale qui risque d'impacter la qualité des fourrages 2018 et donc les niveaux de production des élevages. De plus, l'augmentation du prix des intrants devrait se traduire par un rebond sensible du coût de production pour l'année à venir.

+ 21 % d'EBE

Les critères financiers s'améliorent avec la baisse des coûts de production et la revalorisation des prix du lait. L'Excédent brut d'exploitation (EBE) a augmenté de 21 % par rapport à la campagne précédente. Toutefois, les exploitations faisaient face à une crise profonde. Il s'élève en 2017/2018 à 158 € /1000 litres soit à peine plus que son niveau de 2009. La progression du fonds de roulement de 31 % permet de couvrir 96 % des stocks circulants et le taux d'endettement diminue de 8 % entre les 2 dernières campagnes. Cette amélioration de la trésorerie des éleveurs laitiers ne constitue pas pour autant un filet de sécurité suffisant pour faire face aux aléas du marché et à un éventuel retournement de conjoncture.

Résultats sur les deux dernières campagnes

2016/2017

2017/2018

Écart entre les deux campagnes

Référence laitière (en litres)

506 520

527 563

+4 %

Lait/VL (en litres/VL)

7 280

7 312

+0,4 %

Taux de réforme (%)

27,1

26,6

-2 %

Lait produit/UTH

269 300

276 211

+2 %

Coût ha de maïs

599

593

-1 %

Prix aliment acheté (€/t)

337

322

-5%

Prix du lait (€/1000 L)

306,0

333,23

+8%

EBE (€/1000 L)

130,6

158

+34 %

Fonds de roulement (€)

78 580

102 640

+23 %

FDR / Stocks (%)

92

96

+4 %

Taux d'endettement (%)

61

53

-8 %

        Dont court terme (%)

20

19

-1 %

Source : GIE Idea Technologies, 2018 (clôture avril 2017 à mars 2018)