Engrais : Yara préoccupé par l'impact du prix du gaz sur l'alimentation mondiale

L'envolée du prix du gaz naturel très utilisé dans le secteur des engrais pourrait à terme peser sur la sécurité alimentaire mondiale, prévient le fabricant norvégien d'engrais minéraux Yara International.

Le renchérissement des engrais azotés, dû à la hausse du prix du gaz naturel qui en est la principale matière première, pourrait obliger les agriculteurs à réduire leurs achats et, par ricochet, à produire moins de nourriture, a averti le groupe, en présentant ses résultats trimestriels le 20 octobre. "La production européenne d'azote est essentielle à la sécurité alimentaire mondiale, et nous sommes par conséquent préoccupés par l'impact qu'auront les prix actuels du gaz naturel européen, en particulier pour les régions les plus pauvres du monde", a dit le directeur général, Svein Tore Holsether.

"La situation actuelle démontre clairement la nécessité de chaînes d'approvisionnement alimentaire plus résilientes, et j'appelle les autorités, les organisations internationales et les acteurs de la chaîne alimentaire à travailler ensemble pour sécuriser l'approvisionnement alimentaire mondial", a-t-il ajouté dans un communiqué.

A la faveur de la reprise économique mondiale, les prix du gaz ont flambé à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère nord. Pour Yara, la facture a triplé en un an à l'échelle mondiale et presque quintuplé en Europe. Pour limiter les frais, le groupe norvégien a réduit de 40% sa production d'ammoniac, composant essentiel des engrais azotés, sur le Vieux Continent. Cela a pesé sur ses comptes : au troisième trimestre, il essuie une perte nette de 143 millions de dollars contre un bénéfice de 339 millions à la même période de l'an dernier. Cette dégradation reflète aussi d'importants effets de change négatifs et la dépréciation d'un projet de mine de phosphate au Brésil, Salitre, vendu en août au russe EuroChem. Le chiffre d'affaires progresse quant à lui de 45%, à près de 4,5 milliards de dollars, et le résultat brut d'exploitation (EBITDA) de 16%, à 750 millions de dollars.

Le prix du gaz devrait continuer à lester les performances de Yara. A volumes d'achat égaux par rapport aux mêmes périodes de 2020-2021, l'entreprise dit tabler sur une hausse de sa facture gazière de 850 millions de dollars au quatrième trimestre et de 950 millions de dollars au premier trimestre 2022. La note finale dépendra toutefois de la durée pendant laquelle Yara continuera à brider sa production d'ammoniac. En début d'après-midi, l'action Yara perdait environ 1% à la Bourse d'Oslo.