FarmDroid, un robot à 75.000 € pour semer et biner 20 ha

Zéro herbicide, zéro émission, zéro tassement, zéro contrat de maintenance, zéro frein réglementaire : telles sont quelques-unes des spécificités du robot FarmDroid, proposé par une jeune entreprise danoise. Alors que s’ouvre le 5ème Forum international de la robotique agricole (8-10 décembre), focus sur un robot un tant soit peu disruptif dans l’univers des grandes cultures, distribué en France par Stecomat.

En matière de robotisation, les grandes cultures font encore figure de parent pauvre. Il faut dire que les tractoristes, dans leur ensemble, misent davantage sur la robotisation de leurs tracteurs, autrement dit l’éviction du chauffeur de la cabine, plutôt que sur le développement de nouveaux concepts. Cette stratégie est doublement économe : la mutation technologique est relativement succincte et permet de valoriser les outils attelés existants.

"Le robot FarmDroid est homologué pour travailler seul au champ"

Mais cette stratégie a un gros inconvénient : elle est sous le coup d’une réglementation ne permettant pas de lâcher dans la nature des attelages de plus de 10 t évoluant à plus de 10 km/h, sans la présence d’un opérateur... au pied de la cabine. « Cet aspect réglementaire est l’une des marques du robot FarmDroid, dont le poids s’évalue en kg, soit 800 kg et la vitesse de déplacement en mètres par heure, soit 700 m/h », déclare Niek Jansingh, gérant de Stecomat, distributeur de la marque en France. « Résultat, FarmDroid est homologué pour travailler seul au champ ». Son transfert d’une parcelle à l’autre s’opère grâce son attelage trois points, sa largeur étant contenue à 3 m.

Le robot est constitué d’un châssis porté par trois roues et supportant six éléments semeurs (inter-rang ajustable) et des lames de binage travaillant en inter-rang pour certaines et en inter-plant pour d’autres. En mode binage, le robot évolue au gré du positionnement des graines enregistré lors du semis (GPS RTK). « Il est ainsi capable d’effectuer des rotations de binage indépendamment de la levée de la culture, jusqu’à la fermeture du rang, s’agissant par exemple de la betterave sucrière », précise le distributeur. Son pluviométrique embarqué lui permet de jauger les limites d’intervention en temps réel.

75.000 €, sans contrat de maintenance

Entièrement électrique, le robot est animé par des batteries chargées par son toit photovoltaïque, lui assurant un fonctionnement 24 heures sur 24 sans l’appoint d’une source extérieure. FarmDroid est calibré pour 20 ha, une surface indexée sur la propension des adventices à se développer entre deux passages.

Son tarif : 75 000 €. « Face à la double problématique posée par la main d’œuvre et l’usage des herbicides, le FarmDroid apparaît comme une solution compétitive », déclare Niek Jansingh. Le distributeur n’a pas prévu d’assortir la vente d’un contrat de maintenance, comme il est d’usage en matière de robotique. Un choix téméraire ?

« Comme pour toute machine, nous assurons la mise en route et le suivi après-vente mais je ne souhaite pas astreindre les utilisateurs à un contrat de maintenance, poursuit le distributeur. Au-delà de la garantie de deux ans, nous serons à-mêmes de le proposer aux utilisateurs qui en feraient la demande. Le robot est livré avec le kit complet d’un élément de de semis et de binage pour parer au plus vite en cas de panne, toujours dans cet esprit d’autonomie ». Avec relativement peu de pièces en mouvement, on peut imaginer un amortissement sur de longues années, moyennant quelques mises à jour.

Les dirigeants de Stecomat, (Niek Jansingh à gauche) et de FarmDroid concluant leur accord de distribution
Les dirigeants de Stecomat, (Niek Jansingh à gauche) et de FarmDroid concluant leur accord de distribution

Un tremplin pour la diversification

La betterave sucrière bio constitue aujourd’hui sa carte de visite mais de nombreuses espèces, en grandes cultures comme en cultures légumières, sont promises à le valoriser, sur différentes séquences en cours de saison. C’est donc potentiellement plus de 20 ha par an que le robot serait capable de gérer. Outre la betterave sucrière, le constructeur cite des applications déjà effectives en colza, oignon, chou, persil, herbes aromatiques, épinard. Le maïs est à l’étude.

Le robot peut ainsi constituer une clé d’entrée à la diversification des assolements, même si les terrains accidentés, les cailloux, et les terres lourdes constitueront des facteurs limitants. Le constructeur étudie d’autres fonctions que le semis et le binage mais sans en dévoiler les contours.