Foncier en Occitanie : Le prix des terres ne connaît pas la crise

L’effet Covid a renforcé l’intérêt pour les terres de la région Occitanie. Mais, changement climatique oblige, le marché agricole se tourne désormais davantage vers les terres irriguées.

Si le Covid-19 donne un sérieux coup de frein à bien des activités, force est de constater qu’il est plutôt bénéfique à l’activité foncière. C’est en tout cas ce qui ressort de la conférence de presse sur le prix des terres de la Safer Occitanie, organisée en visioconférence, jeudi 10 juin.

« Le premier semestre 2020 a été très perturbé par le confinement avec une baisse d’activité de l’ordre de 20% », constate le président de la safer Occitanie récemment réélu, Dominique Granier (lire notre édition du 3 juin). « Mais cet effet a été vite absorbé par la dynamique du marché et nous avons opéré un rattrapage spectaculaire de l’activité au second semestre. Cette tendance se poursuit, et s’accroît même en 2021 ».

Comme au niveau national, le nombre de transactions et les surfaces engagées en Occitanie sont en léger retrait (-3,33% des transactions en Occitanie, contre -3% en France par rapport à 2019). Mais le montant des transactions, lui, pointe clairement vers le haut (+4,39% en Occitanie, contre +5% en France, par rapport à 2019).

La Safer, c’est aussi du territoire

« Avec le Covid, les citadins quittent les villes pour s’installer à la campagne », souligne Christian Roussel, directeur opérationnel de la Safer Occitanie. « C’est un effet que nous continuons de constater en 2021 ». Les zones à proximité immédiate des métropoles toulousaine et montpelliéraine sont particulièrement sollicitées, le Tarn, l’Ariège ou encore le Lot. « Les gens ont compris qu’ils sont mieux confinés à la campagne plutôt que dans une tour de la Défense », image Dominique Granier. « La Safer, ce n’est pas que de l’agricole, c’est du territoire. Nous sommes dans une région attractive qui accueille 40 000 nouvelles personnes chaque année. Nous devons trouver l’équilibre entre l’installation des agriculteurs et l’accueil des personnes et des entreprises qui font vivre nos territoires. Notre mission est de garder la terre nourricière et du foncier pour accueillir les entreprises et les habitants de demain ».

La moitié de l’activité de la Safer repose néanmoins sur le marché agricole : terres et prés, ainsi que les vignes*. « La demande est plus soutenue vers des terres irrigables et à fort potentiel agronomique », observe Christian Roussel. « Les écarts se creusent entre ces terrains et les autres parcelles plus pentues à potentiel agronomique limité ».

Dans le secteur du Lauragais, où le niveau de prix des terres nues avait atteint jusqu’à 14 000 €/ha, un effet de tassement est constaté. « Dans le triangle Carcassonne-Albi-Toulouse, on observe des prix plus raisonnables qui se rapprochent de 10 à 12 000 €/ha, c’est une baisse notoire à signaler », indique Christian Roussel. Cela reste les terres céréalières les plus chères de la région.

Dominique Granier prophétise : « La prochaine pandémie c’est l’absence d’eau ! Le changement climatique fait qu’on ne peut plus produire comme avant. Quand je me suis installé en tant que viticulteur, aucune vigne n’était irriguée. Aujourd’hui, on ne peut plus rien faire d’une terre sans eau. Même la lavande et le thym ne poussent plus sans eau dans le Gard !».

David MONNERY Le Paysan Tarnais

* Les autres marchés gérés par la Safer Occitanie sont les forêts, les maisons à la campagne et l’artificialisation.