Forte revalorisation des prix de la viande en 2022

2022 aura sera année à marquer d’une pierre blanche en termes de revalorisation des prix, sans précédent.

Bovins de boucherie – 2022 aura été une année peu commune à bien des égards, avec en point d’orgue la guerre en Ukraine qui a bouleversé une économie mondiale déjà fortement chahutée par les conséquences de la pandémie de Covid 19. Tous les pays ont été touchés à plus ou moins grande échelle, avec des gouvernements qui ont sorti les carnets de chèques pour éviter une implosion des sociétés civiles. Chaque pays a pris ses propres mesures, mais cette crise les a aussi contraints à avoir des positions communes dans les mesures de rétorsion contre la Russie. Les conséquences sont directes pour les populations et en premiers lieux celles qui ont été touchées dans leur chair ou qui se retrouvent sans rien sous les températures glaciales. Posé ce constat, toutes les autres difficultés sont à relativiser.

Dans le domaine de l’élevage, 2022 aura été une année à marquer d’une pierre blanche en termes de revalorisation des prix, sans précédent. Les animaux de race à viande ont progressé d’un euro/kg de carcasse soit une hausse de 25% amenant en cette fin d’année les Charolaises R= autour de 5,25/5,30€ sur les marchés. Ces augmentations ont été encore plus spectaculaires dans les réformes laitières avec une amplitude de 1,55€ entre les 3,40€ de début janvier et les 4,95€ de fin octobre. Depuis, le soufflet est un peu retombé à 4,50€ (ref. marché de Cholet). Cette envolée des prix qui a débuté en 2020 n’est pas à mettre au crédit du covid ni de la guerre en Ukraine, mais d’une décapitalisation prononcée du cheptel français

 (-3,20% en allaitantes et -2,40% en laitières sur 2022) dans un contexte de forte dégradation du revenu des éleveurs. Le mal est fait, et pour 2023 cela risque d’être encore plus compliqué pour les industriels qui ont subi une baisse d’activité de 4% cette année. Des changements importants dans les stratégies d’entreprises se mettent en place dans un contexte où les charges ont explosé et surtout sans perspective de la moindre stabilité.

Les éleveurs, qui en temps normal auraient dû bénéficier de ces revalorisations de leurs travails pour accroître leurs rémunérations, se sont fait spolier leurs revenus par des hausses de l’ensemble de leurs intrants qui, elles, sont directement liées à la guerre en Ukraine. L’indice IPAMPA a progressé de 20%.

Tous ces chamboulements se sont retrouvés à plus ou moins grande échelle dans le panier de la ménagère, avec un resserrement marqué de l’échelle de prix entre les pièces nobles et le produit phare de la consommation qu’est la viande hachée. C’est le nerf de la guerre pour les industriels. Le haché surgelé est le produit qui a le plus progressé avec +32,4% contre 24,70% pour les viandes hachées fraîches. L’impact sur les volumes écoulés montre un recul de la consommation même si les chiffres sont difficiles à analyser après les fluctuations de consommation engendrées par les différents confinements en 2021.  Le chiffre de 10 à 15% est souvent annoncé par les GMS comme chez les bouchers.

Quel sera le nouveau paysage de 2023, dans une Europe également soumise aux mêmes contraintes de marché ? L’Allemagne et les Pays-Bas qui, il y a encore quelques mois, étaient en tête dans la valorisation des laitières avec des vaches O à plus de 5,20€ ou des jeunes bovins R qui frôlaient la barre des 6€, ont vu leurs tarifs fondre comme neige au soleil au cœur de l’été. En cette fin d’année, les vaches O se valorisent en dessous de 4€ (3,90€). Les politiques de réduction des émissions d’Azote sont à l’origine de cette forte dépression. Elles devraient conduire à une baisse de 30% du cheptel laitier en Hollande. Les conséquences seront dramatiques à terme avec des outils industriels qui vont manquer de viande et vont devoir se restructurer. L’autre conséquence est une très forte progression de ces viandes sur le marché français à la faveur d’écarts de valorisations sans précédent. Nos importations de viande ont progressé de 26% et sont principalement fléchées vers la RHD, mais également dans l’industrie des plats préparés où le prix des matières premières est incontournable.

Les négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs ont débuté avec une volonté affichée d’intégrer la hausse de l’énergie, mais les distributeurs restent toujours sur une position de maîtrise de la hausse, car elle induit toujours une perte de volumes échangés.   

2023 sera certainement une année forte dans la recherche de contractualisation de la part des abattoirs qui vont chercher par ce biais à s’assurer les volumes nécessaires pour le fonctionnement de leurs unités de transformation. Il y aura toujours le sujet du manque d’attractivité des métiers de la viande pour attirer les jeunes générations que ce soit à la production, mais également en main-d’œuvre dans les usines ou en bouchers pour la découpe finale.