[Med’Agri] AOP / IGP en Région Sud : peut (et va) mieux faire

La Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur totalise 59 productions sous Signe officiel de la qualité et de l’origine (SIQO). Mais des produits emblématiques tels que le melon de Cavaillon ou les légumes de Provence manquent encore à l’appel.

On peut voir la bouteille à moitié pleine. A double titre. D'abord parce que le vin concentre à lui seul 33 signes de qualité et d'origine (22 AOC/AOP et 11 IGP) sur les 59 recensés dans la Région. Ensuite « parce que 40 % des exploitations de la Région Sud produisent sous signe de qualité », comme l'indiquait Valérie Keller, déléguée territoriale de l'INAO, à l'occasion lors d'une conférence Med'Agri consacrée aux signes de qualité et d'origine en Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur.  Mais on peut voir aussi le cageot à moitié plein et constater que des produits très emblématiques de la région manquent cruellement de signes d'identification. « Nous sommes la première région française productrice de fruits et l'une des toutes premières en légumes mais en 2018, nous sommes incapables d'identifier une tomate, une aubergine, une courgette de Provence », déclare Olivier Nasles, président du syndicat AOC Huile d'olive de Provence.

Terroir Passionnément

Un exercice d'autocritique et de contrition pas isolé. « Quand vous prononcez le mot « melon », 9 consommateurs sur 10 l'associent à Cavaillon, sauf qu'il n'existe à ce jour aucun label de qualité et d'origine », renchérissait Franck Alexandre, vigneron à Gigondas (Vaucluse), ayant présidé aux destinées de l'AOC Gigondas pendant plusieurs années. Le vigneron est aussi vice-président du Crédit Agricole Alpes Provence. Depuis deux ans, la caisse régionale développe avec le label Terroir Passionnément une série d'actions destinées à assurer le développement, la promotion et la reconnaissance des producteurs et des produits, soutenant notamment le Festival Ventoux Saveurs (voir encadré). Sans se soustraire à ses missions premières de financement. « C'est notre raison d'être que de financer les projets valorisant les territoires », poursuit Franck Alexandre. « Le financement ne fait pas tout. Il faut des femmes et des hommes pour porter les projets ».

De nombreux projets en cours

Bonne nouvelle : les démarches de reconnaissances abondent. Des réflexions sont en cours sur les fleurs du Var, le Coing de Provence, l'ail de Piolenc, le Bleu de Queyras, les châtaignes des Maures. Les dossiers avancent sur la cerise du Mont Ventoux, l'abricot des Baronnies, le Calisson d'Aix, sans oublier le melon de Cavaillon. « Le cahier des charges est prêt depuis 10 ans », constate Olivier Nasles. « Monter un dossier de reconnaissance AOC, on sait faire mais encore faut-il qu'il soit porté par un groupe. L'enjeu est simple : il s'agit de capter de la valeur ajoutée su nos territoires, tant en production qu'en transformation, et de répondre aux attentes de nos concitoyens, locaux, nationaux, internationaux. Pourquoi nos clients acceptent-ils de payer 25 € le litre l'huile d'olive AOC des Baux-de-Provence quand l'huile d'olive vierge extra basique est vendue 5 € le litre ? Parce que la première est rattachée à une histoire, à un terroir, à des hommes, bref, à une identité, cette notion primant selon moi sur la qualité, qui a davantage à voir avec des indicateurs mesurables et des certifications type ISO ou autres ». La valeur et les valeurs concentrent donc tous les enjeux.  « Outre les aspects sociétaux et environnementaux, c'est notre défi que d'assurer un revenu correct et durable, pour que nos agriculteurs puissent se développer, que les jeunes puissent s'installer et que ceux qui ont travaillé toute leur vie puissent jouir d'une retraite décente », appuie André Bernard, président de la Chambre d'agriculture du Vaucluse, lui-même engagé dans la reconnaissance de l'ail de Piolenc. Rendez-vous à Med'Agri 2020!