Exportations de blé : « le marché mondial est loin d’être acquis »

Le blé français est d’une exceptionnelle qualité en 2017, mais la récolte record en Russie assombrit les cours et risque de compliquer la tâche des exportateurs de céréales. C’est ce qui ressort du dernier conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer, le 13 septembre.

« Je crains qu'il y ait des frustrations en matière de valorisation », affirme Olivia Le Lamer, adjointe au chef de l'unité « grains et sucre » chez FranceAgriMer. La récolte française de blé est meilleure que l'année précédente, grâce à un rendement moyen et une qualité exceptionnelle. De quoi se réjouir ? Pas vraiment, à en croire l'experte. « Le marché mondial est loin d'être acquis », prévient-elle. En cause : l'énorme récolte russe – 81 millions de tonnes - qui pourrait bien engendrer « un raz-de-marée » sur le marché mondial. Surtout, rien ne laisse penser à ce jour que le blé russe rencontre des problèmes de qualité. Le contexte est donc celui d'une « concurrence exacerbée sur le marché mondial », résume Olivia Le Lamer. D'où la très forte pression sur les prix.

Celle-ci tient quand même à relativiser les prévisions de FranceAgriMer : « en ce début de campagne, rien n'est joué ». Les incertitudes sont nombreuses et de nouveaux évènements peuvent encore venir bouleverser le marché. 

10,2 millions de tonnes vers pays tiers

En blé tendre, la production nationale est désormais estimée à 37,8 millions de tonnes. La campagne de commercialisation 2017/2018 se concrétise par des exports déjà réalisés vers l'Algérie (993 kt), Cuba (95 kt) et l'Égypte (58 kt). Ainsi, au 11 septembre, 1,355 millions de tonnes de blé ont été embarquées depuis les ports français vers pays tiers.

Le bilan prévisionnel de campagne fait état de 10,2 millions de tonnes exportées vers pays tiers. « Cette prévision peut paraître faible par rapport au volume disponible. Elle peut aussi paraître élevée au regard de la compétitivité prix du blé tendre français », note Olivia Le Lamer. Il est également prévu 7,9 millions de tonnes exportées vers l'Union européenne, 5,3 millions de tonnes vers la fabrication d'aliments pour le bétail (FAB), 4,8 millions de tonnes à destination de la meunerie, 2,9 millions de tonnes vers l'amidonnerie.

44 % des volumes classés en premium

« L'ombre du blé russe » plane sur les cours, admet Jean-Paul Bordes, directeur R/D chez Arvalis. Mais celui-ci rappelle que la qualité est au rendez-vous cette année, ce qui va aider les exportateurs de blé français. « Nous avons une belle marchandise à offrir au marché intérieur et extérieur. Si cela n'avait pas été le cas, on aurait eu du mal à se présenter face aux acheteurs », souligne-t-il.

L'enquête « qualité des blés » qui vient d'être rendue publique par FranceAgriMer fait état, en moyenne, d'une teneur en protéines de 12,3 %, de poids spécifiques de 77,2 kg/hl, d'une teneur en eau de 13,1 % et de très bons indices de chute de Hagberg. 44 % des volumes collectés sont classés en premium, ce qui fait de cette dernière moisson une récolte exceptionnelle sur le plan qualitatif.