Face à l’essor du Bio, la filière Grandes Cultures se structure

Le marché bio français, doté d’un taux de croissance à deux chiffres, représente plus de 5 % du marché de l’alimentation en 2018. Tous les signaux sont au vert pour les cinq prochaines années.

La structuration de la filière BIO en grandes cultures s'avère difficile pour les maillons de la filière, en particulier les coopératives et négoces agricoles. En effet, face à l'essor de la demande de produits alimentaires BIO tiré par le secteur de la distribution, véritable maillon fort et structuré de la filière BIO depuis plusieurs années, le secteur des grandes cultures amont s'est mis récemment en ordre de marche mais les défis sont tels qu'ils peuvent impacter la rentabilité des entreprises. En l'espace de quelques décennies, le BIO en France est passé d'un agrégat de petits marchés de niche à un véritable marché de masse. Le développement spectaculaire des rayons bio dans les linéaires et des sous-enseignes 100 % bio chez des distributeurs classiques témoigne de cet engouement.

La France s'est donnée un objectif très ambitieux en inscrivant dans la loi que 15 % des surfaces agricoles utiles devront être conduites en mode « agriculture biologique ». Au plus tard le 1er janvier 2022, les repas servis en restauration collective dans tous les établissements chargés d'une mission de service public devront compter 50 % de produits de qualité et durables, dont au moins 20 % de produits biologiques.

Face à ces enjeux et à la demande pressante de la grande distribution, les maillons de la filière des grains se positionnent pour structurer cette filière porteuse et rechercher une meilleure valorisation. Le nombre de conversions d'exploitations agricoles a augmenté sensiblement autant que les espèces nécessaires pour la gestion agronomique avec des rotations longues et diversifiées. Pour organiser la production, et valoriser l'ensemble des espèces produites, de plus en plus de coopératives et négoces investissent massivement dans des outils de stockage dédiés, de triage, de transformation.

Mais la structuration n'est pas aussi simple. On est loin de la gestion de gros volumes ; la demande de produits BIO faisant davantage référence à un marché d'épicerie où l'on retrouve une multitude de références en petite quantité. La pression de la demande est tellement forte que cela nécessite des compétences commerciales particulières pour négocier et mettre en place une logique de contractualisation avec les maillons industriels et/ou circuits de distribution. Ces mêmes entreprises doivent être aussi en capacité à trouver des débouchés pour l'ensemble des espèces produites souvent avec une offre limitée. Cette structuration a donc un coût d'autant plus qu'elle peut inciter les entreprises à tenter de répondre à l'ensemble des sollicitations au risque d'un retour d'investissement long et compliqué.

Dans ce contexte et face à la grande distribution, on peut penser que l'effet taille aura toute sa logique pour le maillon transformation sur lequel des coopératives et négoces agricoles se sont positionnés. Une nouvelle période de discussions entre opérateurs devrait voir le jour afin de mutualiser les efforts et avant que le marché arrive à maturation, le risque étant une baisse des prix et donc moins de valorisation.

 

Article extrait de l'Analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire - PRISME n° 28 - Janv.2020