Les anti-néonicotinoïdes contre-attaquent

A l’initiative de de Générations futures, 18 organisations non gouvernementales interpellent le ministre de l’Agriculture et lui demandent de renoncer à son projet de réautorisation des néonicotinoïdes sur la betterave.

Dans une lettre de quatre pages adressée à Julien Denormandie en date 17 août, dix-huit organisations, dont les Amis de la terre, la Confédération paysanne, Générations futures, l'Unaf ou encore le WWF démontent un à un les arguments des ministres de l'Agriculture et de la Transition écologique, préfigurant une réautorisation temporaire et sous conditions de l'usage des néonicotinoïdes pour lutter contre le puceron vecteur de la jaunisse.

S'agissant de l'absence d'alternatives, les signataires mentionnent un avis de l'Anses datant de 2018 et stipulant qu'il n'y avait pas d'impasse, la meilleure preuve en étant donnée avec les betteraves conduites en bio, « peu ou pas touchées par la jaunisse ». En outre, en 2018, la CGB « expliquait déjà avoir besoin de deux années supplémentaires pour développer des alternatives. En 2020 il lui en faudrait finalement trois de plus », ironisent les auteurs de la lettre.

Plantes adjacentes et persistance

Concernant le garde-fou consistant à ne pas implanter à la suite des betteraves des cultures mellifères, les ONG avancent que "l'exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes se fait aussi, et peut-être même surtout, par les fleurs sauvages et que les plantes se trouvant à proximité des cultures traitées aux néonicotinoïdes sont largement contaminées, conduisant ainsi à une contamination importante du pollen ramené dans les ruches". La persistance de la molécule est également pointée, la part de matière active non absorbée par la plante, égale ou supérieure à 80%, mettant "plusieurs années à se dégrader", avec des résidus issus de leur dégradation "parfois plus toxiques que les matières actives elles-mêmes".

La souveraineté, un faux débat

Les ONG balaient également l'argument de la souveraineté alimentaire. "Le fait que nous exportons quasiment la moitié de cette production, mériterait d'être mis en regard de la place indispensable des pollinisateurs dans cette souveraineté, (...), la présence d'une grande variété de pollinisateurs dans les cultures permettant aussi d'augmenter les rendements". Les organisations invoquent aussi la question de santé publique que pose "la trop grande consommation de sucre" et renvoie la filière à ses problèmes structurels de surproduction mondiale, après l'abandon des quotas.

Le 6 août dernier, sitôt les intentions ministérielles énoncées, Générations Futures a lancé une pétition demandent au gouvernement de renoncer à son projet de réautorisation. L'association dit avoir totalisé à ce jour 93.000 signatures.