Les quotas de sucre disparaissent dans l'UE

Les quotas de sucre dans l'UE, les derniers qui subsistaient au sein de la Politique agricole commune (PAC), vont disparaître samedi, un "tournant décisif" pour un secteur qui s'est fortement restructuré depuis dix ans.

"La fin du régime de quotas représente un tournant décisif pour le secteur sucrier européen et marque une nouvelle étape importante dans la mise en place d'une politique agricole commune davantage orientée vers le marché", a commenté le commissaire européen à l'Agriculture Phil Hogan, dans un communiqué publié vendredi. La préparation a été longue pour le secteur, qui a subi une profonde restructuration entre 2006 et 2010. La fin des quotas, initialement prévue en 2015, avait été retardée de deux ans. "Nous pensons que le secteur est équipé et bien préparé", a insisté une source à la Commission. Le secteur a bénéficié d'environ 5,4 milliards d'euros pour sa restructuration.

Plus de 80 usines ont fermé dans l'UE, soit 40% du total. Le secteur ne reste pas sans protection malgré la fin des quotas, martèle la Commission, qui a dû intervenir ces deux dernières années à plusieurs reprises pour stabiliser des marchés agricoles en crise, dont celui du lait qui venait d'abandonner le régime des quotas. Les droits d'importations de sucre dans l'UE restent élevés, hors accords commerciaux préférentiels. Des aides aux revenus des agriculteurs sont disponibles, notamment sous la forme d'un "soutien couplé facultatif" qui permet actuellement à 11 Etats membres de soutenir leurs producteurs de betteraves sucrières. Les différences entre les secteurs du lait et du sucre sont nombreuses, a souligné la source à la Commission, outre les facteurs extérieurs qui ont pesé sur les prix du lait (surproduction mondiale, embargo russe...). En particulier, ce sont les producteurs eux-mêmes qui évaluent pour l'année suivante la quantité de sucre à produire, et non les cultivateurs.

Repli

La Commission s'attendait tout de même à un ajustement à la baisse des prix dans l'UE, sous la pression désormais des marchés internationaux où la tendance est au repli. Les prix à l'international en septembre se sont établis autour de 311 euros la tonne, tandis qu'ils étaient stables depuis plusieurs mois dans l'UE, autour de 500 euros la tonne (501 euros en juillet, dernier chiffre disponible). La France, l'Allemagne, la Pologne, les Pays-Bas et la Belgique sont les principaux producteurs de sucre dans l'UE, le continent étant le principal producteur de sucre issu de betterave.

La production s'est montée à 16,8 millions de tonnes en 2016/2017 et devrait augmenter de 20% pour l'année de commercialisation à venir, à un peu plus de 20 millions, selon l'estimation de l'exécutif européen. Le quota était fixé à 13,5 millions de tonnes, réparties entre 20 Etats membres. Il existait des canaux de commercialisation pour la production en surplus, à l'exportation, pour la vente de biocarburant ou d'édulcorant (isoglucose). Selon la Commission, l'augmentation de la production dans l'année suivant la fin des quotas devrait être compensée par une augmentation des exportations, une baisse des importations, et un étoffement des stocks, qui sont à des niveaux historiquement bas.