Maïs : une campagne chahutée

Crises sanitaires, logistiques ou encore climatiques : la campagne 2018-2019 du maïs est chahutée de toute part et la concurrence est forte entre les principaux pays exportateurs.

La forte tempête qui vient de toucher les États-Unis à la mi-mars a durement affecté la « Corn Belt » et notamment l'Iowa, premier État producteur de maïs du pays. Si ce phénomène est saisonnier, il a pris cette année des proportions exceptionnelles : près de 405 000 hectares seraient inondés, provoquant les pires inondations en 50 ans. « Environ 38% des stocks de maïs et de soja, qui étaient très élevés cette campagne, ont été dégradés », fait savoir Marion Duval, adjointe au chef de l'unité grains et sucre chez FranceAgriMer. Les pertes sont évaluées à 1,5 milliard de dollars et le ministère américain de l'Agriculture (USDA) ne dispose pas de programme pour l'indemnisation des stocks perdus. 

Aux inondations s'ajoutent désormais des chutes de neige importantes, retardant d'autant plus les préparations de sol pour les semis de maïs. Le marché de l'éthanol, dont les stocks sont très élevés aux États-Unis, est également touché, la capacité de production de certaines usines ayant été entamé. Dans son dernier rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiale, l'USDA revoit à la baisse les prévisions américaines d'exportation de maïs, à 58 millions de tonnes (Mt) contre 62 Mt l'an dernier. 

Au sud du continent américain en revanche, les conditions de culture demeurent favorables dans les grands pays exportateurs. La récolte de maïs brésilienne est attendue à des niveaux record, certains experts affichant le chiffre de 100 millions de tonnes. La récolte argentine est également attendue en hausse par rapport à l'an dernier. Cette situation pèse sur les stocks mondiaux, qui ont été réévalués à la hausse dans le dernier rapport de l'USDA. 

L'Ukraine grande gagnante en UE

Au niveau du continent européen, c'est l'Ukraine qui enregistre pour la campagne 2018-2019 une très forte dynamique à l'export. Début avril, le pays avait ainsi exporté plus de 20 Mt de maïs, contre 12,5 Mt pour la campagne précédente. Et la principale destination du maïs ukrainien est l'Union européenne (UE), dont les besoins augmentent cette année au gré de la demande du marché. 

« C'est la sixième fois en neuf mois de campagne que la Commission européenne réévalue à la hausse les importations de maïs par l'UE », fait savoir Simon Trauet, chargé d'études économiques dans l'unité grains et sucre de FranceAgriMer. Le niveau des importations de maïs dans l'UE était ainsi estimé début avril à 21 millions de tonnes (Mt), en hausse par rapport à 2018 (17,9 Mt) qui constituait déjà une année record. 

« Une forte demande en alimentation animale, un prix attractif et des difficultés de transport fluviaux au niveau du Rhin et du Danube ont amplifié la demande de maïs en provenance des pays tiers », explique l'expert. Les pays du nord de l'Europe comme l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Baltes ou encore le Royaume-Uni ont ainsi importé nettement plus de maïs en provenance des pays tiers que lors des précédentes campagnes. Au détriment des maïs roumains ou bulgares, mais au profit des grands exportateurs mondiaux.