Nouvelle bataille autour des variétés de colza Clearfield

Un an après l’arrêté européen sur les nouveaux OGM, la Confédération paysanne appelle à bannir les variétés de colza Clearfield, au motif qu’elles sont considérées comme OGM. Ce que réfute catégoriquement Basf.

Le 25 juillet 2018, la Cour de justice de l'union européenne (CJUE) statuait que les nouvelles techniques de mutagénèse produisent des OGM réglementés qui, par voie de conséquence, doivent être évalués, et si autorisés, tracés et étiquetés. Les OGM issus de techniques de mutagénèse « traditionnellement utilisées pour diverses applications et disposant d'un historique de sécurité avéré » pouvaient cependant être exonérés de ces obligations. Pour la Confédération paysanne,  « les variétés Clearfield été obtenues par mutagénèse, une technique reconnue comme OGM par la législation européenne », fait savoir le syndicat dans une lettre ouverte aux producteurs de colza, un mois avant les premiers semis. « Cette technique a été appliquée sur des cellules de pollen multipliées in vitro au laboratoire puis régénérées en plantes entières sans avoir fécondé aucune fleur, ce qui fait des colza Clearfield des OGM qui devraient être réglementés et étiquetés comme tels ».

Mutagénèse traditionnelle

Cette interprétation est catégoriquement niée par Basf qui, dans un communiqué, estime que la CJUE « a clairement statué sur les techniques VTH, dont le système de production Clearfield fait partie. Ainsi, la CJUE indique que la mutagénèse traditionnelle est exclue du champ d'application de la Directive OGM 2001/18. Cette exemption concerne aussi bien les variétés Clearfield que les variétés issues de la mutagénèse cultivées en agriculture biologique". Au passage, la firme dénonce un autre argument selon lequel Clearfield serait une « technologie brevetée ». « Les gènes de tolérance herbicide des variétés de colza Clearfield sont dans le domaine public », affirme Basf.

Terrain agronomique

La bataille se joue aussi sur le plan agronomique et plus précisément herbicide. L'intérêt des variétés Clearfield, c'est d'offrir la possibilité d'intervenir en post-levée du colza au moyen de produits à base d'imazamox, « un herbicide qui n'est efficace qu'accompagné de coformulants cancérigènes », affirme la Confédération paysanne, qui voit deux autres bonnes raisons de bannir cette solution. « En Europe et dans le Monde, plus de 140 adventices de familles botaniques différentes sont déjà devenues résistantes à des herbicides « inhibiteurs de l'ALS » comme l'imazamox. Vous [les agriculteurs] ne pourrez plus détruire les repousses des colzas VrTH dans vos parcelles de céréales en utilisant les herbicides de cette famille des inhibiteurs de l'ALS, pourtant fréquemment employés sur blé, orge, etc.. ». « La question des résistances est pourtant un sujet connu et suivi depuis longtemps par les agriculteurs, il n'y a là rien de nouveau », réplique Basf. « C'est un phénomène biologique que l'on retrouve aussi pour les antibiotiques. Les bonnes pratiques agronomiques (faux semis, décalage de la date de semis...), l'allongement des rotations, le raisonnement des solutions phytopharmaceutiques, le recours à des solutions variées (non ALS...) permettent de gérer ces résistances ». La firme met par ailleurs en avant la réduction des IFT induite par le recours aux variétés Clearfield : - 8 % en moyenne, voire davantage en situation de flore complexe et difficile, sans compter l'absence de traitement en cas de défaut de levée du colza.