Guerre en Ukraine - Inauguration du Centre de coordination conjointe pour l'export de grains ukrainiens via la mer Noire

Suite à la signature des accords pour sécuriser les exportations de grains ukrainiens au départ de la mer Noire, le Centre de coordination conjointe est désormais opérationnel et travaille sur les premiers chargements. Néanmoins des incertitudes demeurent.

Prévu dans les accords, le Centre de coordination conjointe (CCC), en charge du contrôle des exportations de grains ukrainiens par la mer Noire, a été officiellement inauguré ce mercredi à Istanbul. Dirigé par « cinq représentants de la Russie, de l'Ukraine et de l'ONU, ainsi que de la Turquie, tant militaires que civils », selon le ministre turc de la Défense Hulusi Akar le 27 juillet lors de son inauguration, le CCC devra conduire les inspections de navires au départ et à l'arrivée à Istanbul afin de garantir qu'ils ne transportent rien d'autre que des céréales, d’après l’Agence France Presse.
Quelques 25 Mt de grains seraient actuellement bloquées dans les ports ukrainiens, mais difficile d’en savoir davantage.  « Actuellement, personne ne sait exactement quel est le réel niveau d’offre en Ukraine et pour quel type de grains ; Il reste encore beaucoup d’inceritudes », estime Jean-Jacques Hervé qui préside l’Académie d’Agriculture de France et qui a travaillé pour le Crédit agricole en Ukraine de 2009 à 2016.

La question du déminage en suspens

Conformément aux accords signés le 22 juillet, les ports d'Odessa, de Tchernomorsk et de Yuzni seront les premiers à accueillir les convois. Ces derniers auraient déjà « repris le travail » a annoncé la marine ukrainienne. « Aucune présence militaire » autour des convois n’est attendue selon M Akar. Les missions du CCC consisteront à immatriculer les navires marchands participant aux convois, les suivre grâce à internet et par des satellites, et vérifier les bateaux « par des équipes d'inspection conjointes aux endroits appropriés" au moment du chargement dans les ports ukrainiens et à leur arrivée dans les ports turcs.

Si les accords ne prévoyaient pas d’opérations de déminage, s’il est nécessaire, il sera décidé et organisé par les « parties », tout en précisant qu’il n’y en a « pas besoin à ce stade » a déclaré M Ankar. 

Pour rappel les accords de sécurisation des exportations de grains ukrainiens via la mer Noire sont prévus pour une durée de 4 mois à compter de leur signature. Deux textes ont été ratifiés d’une part par l’Ukraine, la Turquie et les Nations Unies et de l’autre par la Russie et ces deux dernières, l’Ukraine refusant de pactiser avec la Russie.

Notons aussi que Moscou a obtenu que les sanctions occidentales ne s'appliqueront pas, ni directement ni indirectement, à ses propres exportations de produits agricoles et d'engrais. Une condition importante pour la Russie qui s’apprête à commercialiser une importante quantité de céréales en 2022/2023, la récolte de grains y étant attendue à un niveau record.

Bombardements russes sur la zone portuaire d’Odessa

A peine signés, les accords du 22 juillet (impliquant l’Ukraine, la Russie, la Turquie et l’Onu) pour la sécurisation des exportations de grains ukrainiens au départ de la mer Noire ont bien failli voler en éclat suite aux bombardements intervenus le lendemain sur une installation ukrainienne dans le port d’Odessa, l’une des trois zones visées par les textes signés par les parties la veille.

Des attaques dénoncées le jour même, samedi 23 juillet, par les autorités ukrainiennes et européennes notamment, mais qui n’ont pas entamé la volonté de mettre en application le plus vite possible. « Nous nous attendons à ce que l'accord commence à fonctionner dans les prochains jours et nous prévoyons qu'un centre de coordination sera mis en place à Istanbul dans les prochains jours. Nous préparons tout pour commencer dès cette semaine", a déclaré le ministre ukrainien de l'Infrastructure Oleksandre Koubrakov, le 25 juillet lors d'une conférence de presse. Tout en précisant que « si les parties ne garantissent pas la sécurité, cela ne marchera pas ».
Côté russe, le pouvoir a démenti avoir tiré sur des installations céréalières, comme l’ont assuré les Ukrainiens, mais confirment des bombardements, dirigés vers des cibles militaires. « Rien dans les engagements que la Russie a pris, y compris dans le cadre des accords d’Istanbul du 22 juillet, ne nous interdit de poursuivre notre opération militaire spéciale et de détruire des infrastructures et autres cibles militaires », a déclaré Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.

Quoi qu’il en soit, c’est un mauvais signal qui a été envoyé à la communauté internationale qui avait salué dans son ensemble les accords signés le 22 juillet à Istanbul. Et la preuve que les accords signés à Istanbul ne sont pas un signe de pacification concernant la guerre en Ukraine, loin de là.