Il faut défendre les éleveurs dans la dénomination de leurs produits

Il y a un an, le Conseil d’État annulait le décret du gouvernement interdisant les appellations animales du type « steak » et « lardon », pour les similis carnés. Un nouveau projet de loi est en préparation pour défendre les éleveurs dans la dénomination de leurs produits.

Conjoncture – En cette période de rentrée, le monde de l’élevage profite d’un décalage important entre l’offre et la demande même si cette dernière est entachée par la concurrence de l’import. Il y a encore un mois, les industriels bataillaient pour réduire les écarts de valorisation entre les prix français et leurs voisins européens. Le prix des réformes laitières était au cœur des débats. En trois mois, les tarifs qui avaient chuté de 0,30 à 0,40€/kg de carcasse en ramenant les bonnes Prim’Holsteins de 4,85 à 4,50€, ont repris 0,15€ sur les trois dernières semaines. Les abattoirs ont eu du mal à couvrir leurs besoins de rentrée, face à la faiblesse des effectifs proposés par les éleveurs. Ce phénomène a également été observé en Allemagne, avec une remontée des prix de même ordre. Sur ce début de mois, les volumes sont en progression et correspondent mieux à la demande, mais les industriels vont devoir subir une perturbation des approvisionnements avec le SPACE qui se déroule du 12 au 14 septembre. De nombreux éleveurs passionnés seront mobilisés pour découvrir les dernières avancées technologiques, ou plus simplement pour passer un moment de convivialité.  Passée cette période, les volumes vont retrouver un niveau plus convenable, pour que les industriels cherchent à reprendre la main, afin de réduire les écarts de prix avec l’import afin de reprendre quelque part de marché.  

Dans un paysage marqué par le manque de prétendants à la reprise des fermes en cessation d’activité, il y a de nombreux jeunes éleveurs passionnés qui peuplent nos campagnes. Ils seront les forces vives de demain, avec des attentes certainement différentes de leurs ainés en termes de qualité de vie, et une tendance qui se dessine où l’autonomie alimentaire et la rentabilité vont prendre le pas sur la production à tout prix. Nos éleveurs font de très bons produits qui, s’ils sont bien mis en valeur chez des professionnels dignes de ce nom, trouvent une très bonne réponse auprès des consommateurs. La grande distribution détient de grands leviers d’orientation, car si les Français aiment la viande, le recul permanent des ventes de produits carnés entraîne une libération de linéaires qui sont progressivement remplacés par des innovations à base de protéine végétale. Les levées de fond pour cette nouvelle filière du simili carné ne cessent de progresser, afin de prendre des parts d’un marché très lucratif. Il y a un an, Protéine France, qui défend les intérêts d’acteurs de la filière des protéines végétales, a obtenu l’annulation par le Conseil d’État, du décret du gouvernement interdisant les appellations animales du type « steak » et « lardon », pour les similis carnés à base le plus souvent de pois chiche, de soja et de blé. Un nouveau projet de loi est en préparation pour défendre les éleveurs dans la dénomination de leurs produits.  

Face à un consommateur qui se dit de plus en plus flexitarien, la communication à travers des émissions télé grand public ou des publicités joue un rôle très important, sans oublier la diffusion sur les réseaux sociaux auprès des jeunes générations urbaines qui montrent un attrait grandissant pour les produits transformés (steak haché …). Les jeunes générations mangent naturellement moins de viande à travers des messages distillés par les nutritionnistes, mais également par les institutions de plus en plus sous influence de la filière végétale ou « écologiste ». Mais force est de constater que le français reste attaché à nos traditions culinaires, car la viande qui n'est plus vendue dans les GMS est consommée dans les restaurants (sauf qu’elle n’est pas française).