Il faut donner une perspective aux éleveurs.

Pour enrayer la destruction de la ferme France, il faut donner des perspectives. Or ces dernières sont compliquées à fixer dans un schéma global de concurrence intra et extra-européenne.

Bovins de boucherie – Même si les quelques gouttes d’eau sont les bienvenues sur les secteurs qui en ont bénéficié, le déficit hydrique reste important et inquiétant pour l’avenir. Les éleveurs ne pourront passer une nouvelle année de sécheresse au regard des trésoreries asphyxiée par les hausses de charges. Pour le moment rien n’est écrit, mais les pluies de printemps ne serviront plus à alimenter les nappes phréatiques, car l’eau sera directement consommée par les cultures.

A huit jours du salon de l’agriculture, la FNB et son nouveau président Patrick Bénézit, qui remplace Bruno Dufayet, maintient le cap sur sa volonté d’une application de la loi Egalim et des prix de références diffusés par l’Idèle dans un cadre contractuel : à savoir, 6,12€ pour les vaches de races à viande, et pour les réformes laitières aucune information n’a été diffusée. À ce jour très peu d’acteurs de la filière aval se sont engagés sur cette ligne, même si le souhait des abatteurs d’une contractualisation reste fort dans un scénario de déficit de production.

Pour enrayer la destruction de la ferme France, il faut donner des perspectives. Or ces dernières sont compliquées à fixer dans un schéma global de concurrence intra et extra-européenne. La production française est très résiliente, et ne montre pas de grande adaptation au défi de la consommation de demain. L’élevage allaitant a pour but premier la production de broutards et de femelles, qu’il soit destiné à l’export, au renouvellement des troupeaux ou à l’engraissement sur le territoire. L’élevage laitier a comme source majeure de revenus le lait. Dans ces deux cas, la viande passe au second plan, même si elle est non négligeable pour les éleveurs, voire importante pour le secteur allaitant.      

En passant en une petite décennie d’une consommation de produits transformés de 50 à 65%, la façon d’appréhender les « équilibres matières » dans les abattoirs a été bouleversée. De plus en plus de pièces passent au hachoir faute de trouver des débouchés suffisants. Il est aujourd’hui courant de trouver dans les magasins des pièces à griller moins chères que le steak haché. L’évolution des modes de consommation va trop vite, et de toute façon la composition d’une carcasse de bovin restera immuable. Seuls le poids, la finition et la conformation qui assurent le rendement peuvent varier.   

Depuis le déséquilibre tarifaire dans les réformes laitières entre la France et les autres pays de l’UE, les importations, pénalisent sérieusement le placement de la viande française, notamment des aloyaux. Les volumes de réformes laitières qui jusque-là se montraient suffisants pour les industriels tendent à se replier. Le secteur allaitant est également sous tension, mais il est bien difficile de faire progresser les prix, au risque de perdre un peu plus de consommateurs, ou d’ouvrir encore plus grandes les portes de l’import.