« Ils auront bientôt besoin de nous ! »

Depuis septembre, douze étudiants se forment à l’aménagement éco-paysager, en Licence professionnelle au Lycée Nature (La Roche-sur-Yon). Ils nous expliquent pourquoi ils ont choisi ce diplôme, unique en France, dans son approche environnementale.

Ce jeudi la tempête Louis évacue toute tentative d’une photo de groupe en extérieur. Pourtant, a priori, la verdure et le vivant siéent mieux à ces douze étudiants de la Licence professionnelle Aménagements paysagers du CFA Nature, à La Roche-sur-Yon (85), que le décor d’une salle de classe. Venus de Lorraine, Bretagne, Vienne, Charente-Maritime, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique et quand même, pour deux d’entre eux (seulement) originaires de Vendée, ils ont choisi ce Bac +3 pour sa spécificité, unique en France : son approche éco-paysagère. La gestion de l’eau et des sols, la préservation de la biodiversité sont les trois axes autour desquels s’articule le programme de cette licence ouverte en septembre dernier en partenariat avec l’IUT de La Roche-sur-Yon. 

Tous ces apprenants, entre 21 et 29 ans, ont déjà une expérience du végétal, soit par leur alternance en BTS Aménagements paysagers (la majorité), en BTS Gestion protection de la nature, en l’IUT Génie biologique, soit par leur métier précédent. Tous sont convaincus de l’intérêt d’appréhender autrement « les espaces verts » du particulier ou des collectivités. « L’approche éco-paysagère implique un intérêt environnemental fort, une logique d’aménagement durable (comme dans le choix des matériaux et des végétaux locaux), de préservation des ressources (notamment en eau), de respect de la biodiversité… », explique Amandine intéressée par la gestion des eaux pluviales abordée dans le programme. 

« Phormium, agapanthe et olivier » 

« Des bétons, des surfaces très imperméables, des végétaux inadaptés à notre climat… Je me suis rendu compte que ce que l’on pratique en entreprise, n’est pas en phase avec ma façon de concevoir la création de jardins », dit d’emblée Clément quand on le questionne sur sa présence dans cette licence. « Il faut faire du propre (pas d’adventice), sans entretien, praticable en toute saison (pas de boue quand il pleut) », acquiesce Thomas Pelletier, enseignant accompagnant la licence pro. Le minéral a progressivement grignoté le végétal et la standardisation déréglée les espaces. « Les cimetières végétalisés sont aujourd’hui plus vivants que les pourtours des maisons neuves en lotissement », ironise le professeur// (si coupé le passage précédent) Thomas Pelletier, enseignant accompagnant la licence pro. « Le phormium, l’agapanthe et l’olivier », énumère encore Clément saturé de voir ce trio. Comme ses collègues de licence, Corentin veut désormais « réussir à lier [son] métier et [sa] sensibilité écologique ». « J’ai toujours pensé que le gazon était incontournable, c’est comme ça que j’ai été formé, c’est ce qu’on me disait au travail aussi, raconte l’ancien étudiant en BTS. En arrivant ici j’ai compris différemment : on n’est pas obligé de tondre et il y a des alternatives au gazon, comme les prairies fleuries… ». 

Rencontres d’experts

Les quatorze semaines de cours qui alternent avec les 37 semaines en entreprise (ou en collectivité publique*) sont alimentées par des interventions d’experts sur « des sujets très différents : botanistes, chef de service au sein d’une collectivité, entreprises privées. Ce sont des références ! », retiennent les apprenants plutôt emballés par ces rencontres.  

À la sortie de leur licence, la plupart s’engagera sur le terrain (comme ouvrier qualifié, chef d’équipe) ou en bureau d’études ; plus tard quelques-uns ont la volonté de créer leur propre entreprise, parfois après un master. D’ici là, certains seront mobilisés au salon des Floralies, en mai, où là aussi ils tenteront d’insuffler quelques messages éco-paysagers au grand public, car ils l’ont bien saisi « le business conditionne le travail des entreprises qui elles-mêmes répondent aux demandes du client et des offres des fournisseurs ». Ces futurs professionnels gardent bien en tête que « la totalité des surfaces de jardins particuliers est supérieure à tous les espaces naturels sensibles en France métropolitaine. Donc chaque jardin a son petit rôle à jouer ! ». 

« Aujourd’hui, les clients sensibles aux pratiques éco-paysagères sont encore minoritaires mais la prise de conscience arrivera, veut croire Alexandre. Malheureusement de façon probablement contrainte mais bientôt ils auront besoin de nous ! ». 

*Pour exemple, certains étudiants ont intégré, le temps de leur licence, le Parc ornithologique à Saint-Hilaire-le-Palud, le syndicat mixte Vendée Eau, le pôle Paysage et Espaces verts au conseil départemental de la Dordogne, une entreprise de solutions d’arrosage, etc.