« Je m’attends à un hiver compliqué pour produire du lait »

Installé à Noyant la Gravoyère dans le Maine-et-Loire sur un élevage de 75 Prim'Holstein à 8500 litres, Stéphane Luet n'avait jamais été confronté à une telle sécheresse. Plus que les stocks, c'est la qualité des fourrages qui l'inquiète. Témoignage.

« Nous sommes habitués aux épisodes secs, mais bien souvent, il y a toujours un orage qui nous sauve la mise, avance Stéphane Luet, jeune éleveur installé sur la ferme familiale dans le Maine-et-Loire. Mais cet été, la météo a été particulièrement sévère avec nous, poursuit-il dépité. Je n’avais jamais connu une sécheresse d’une telle ampleur ni des températures aussi excessives. L’eau nous a cruellement manqué, les prairies sont littéralement grillées. Bon an mal an, je pense que nous allons nous en sortir quantitativement, car nous bénéficions de stocks de report de l’an dernier. Ce qui m’inquiète, c’est plutôt la valeur des fourrages. En particulier celle du maïs qui constitue les deux tiers de la ration hivernale de nos 75 Prim’Holstein à 8 500 l, aux côtés de l’herbe ensilée ou enrubannée. Il y a de la tige et du volume, mais une partie des épis a mal fécondé.

Pourtant, la saison s’annonçait bien avec une belle moisson de céréales à paille et une récolte d’herbe satisfaisante en quantité et qualité. Les prairies de fauche ont donné 7 tMS/ha au printemps. Quant au maïs semé le 14 avril, il avait très bien levé et semblait prometteur. Aujourd’hui, je me demande vraiment ce que ça va donner pour faire du lait… J’ai décidé d’ensiler mi-août les parcelles où il n’y avait pas de grain.  

Les vaches tournent à 100 % de ration hivernale depuis début juillet. A cette date, d’habitude, l’herbe pâturée représente encore la moitié de leur régime. Avec la canicule, elles ont produit 2 à 3 litres de moins par jour. Par contre les taux se sont maintenus.

La trésorerie tient bon malgré l’inflation des charges, mais je crains le retour de bâton quand je vais devoir payer les factures d’aliments cet hiver. Il faudra vraiment calculer si ça vaut le coup financièrement d’acheter au prix fort en fonction du prix du lait. Peut-être faudra-t-il réduire la voilure... J’attends d’avoir fini d’ensiler le maïs (30 août) et de compiler les analyses pour engager des achats. Il manquera certainement de l’énergie dans la ration. Heureusement que j’ai souscris une assurance sécheresse pour les fourrages. Cela devrait permettre de compenser un peu et de passer le cap. J’espère que 2022 restera une sécheresse historique qui ne renouvellera pas trop souvent… Au delà des conséquences à court et moyen terme, cela pose question pour l'avenir. »