Julien Denormandie signe l’arrêté de reconnaissance de l’AOP Porc Grand Ouest

Le ministre de l’Agriculture a salué la création de la première Association d’organisations de producteurs dans la filière porcine. Parmi les premiers dossiers de celle-ci figurent les conditions d’arrêt de la castration à vif des porcelets, qui télescope la question du prix, « la mère de toutes les batailles ».

« Je voudrais saluer la performance et la détermination qui sont les vôtres », a déclaré le ministre de l’Agriculture, qui a profité de sa visite inaugurale au Space le 14 septembre pour signer l’arrêté actant la création officielle de l’AOP Porc Grand Ouest. Créée en avril dernier et fédérant dix OP, l’AOP Porc Grand Ouest décroche le Graal avec sa reconnaissance officielle. « L’objectif de l’AOP est de trouver un prix rémunérateur, qui permette aux éleveurs de vivre de leur métier, de se moderniser, d’assurer la confiance des consommateurs et de répondre aux attentes sociétales », a résumé son président Jean-Luc Chéreau.

"Quand on est dans une négociation, la force, le poids, et la taille sont des éléments incroyablement structurants"

Depuis 2017, l’Organisation commune de marché (OCM) a ouvert la voie à la création d’autres AOP que celles existant notamment dans le secteur des légumes. Mais sa transcription au monde du vivant a nécessité, à Bruxelles, des évolutions réglementaires. En France, il a fallu toute la pugnacité des responsables d’OP pour passer outre les bisbilles concurrentielles. L’intérêt collectif a fini par prendre le dessus. « L’AOP conditionne la rémunération et donc l’avenir et le devenir des producteurs, a dit le ministre. Quand on est dans une négociation, la force, le poids, et la taille sont des éléments incroyablement structurants. Le fait d’être organisé permet de renforcer cette force face à ceux qui sont en face ».

Julien Denormandie a gentiment titillé les professionnels. « Ce n’est pas facile de se mettre d’accord quand on est nombreux et c’est parfois difficile dans la filière porc », a-t-il relevé. Mais le ministre a lui-même fait amende honorable. « Ma responsabilité de ministre, c’est de mettre fin au jeu de dupe de la guerre des prix », faisant allusion au projet de loi Egalim 2. « La première loi n’a pas eu tous les effets escomptés », a concédé Julien Denormandie, pour qui la rémunération des producteurs demeure « la mère des batailles ».

L’arrêt de la castration à vif des porcelets

Le projet de loi Egalim 2 fera office de crash test pour la filière porc, qui va connaître un chamboulement avec l’interdiction, à compter du 1er janvier 2022, de la castration à vif des porcelets. Un morceau inaugural de choix pour l’AOP Porc Grand Ouest. « Le porc castré devra bénéficier d’une plus-value pour rémunérer le travail induit et la baisse de performance », a déclaré Jean-Luc Chéreau.

La filière est en attente des instructions ministérielles s’agissant des solutions de prise en charge de la douleur lors de la castration. « Le sujet n’est pas tant celui des conditions de la castration que la prise en compte des surcoûts chez l’industriel et chez le distributeur, a affirmé Julien Denormandie. C’est plus facile quand la filière est solidaire ».

La création et la reconnaissance de l’AOP ouvre par ailleurs la voie à l’obtention de fonds européens via des programmes opérationnels permettant de cofinancer des projets structurants.