L'abattoir d'Ambert n'est pas encore mort

L'abattoir d'Ambert vient de recevoir les soutiens du Conseil Régional Auvergne-Rhône-Alpes et du Conseil Départemental du Puy-de-Dôme pour le financement partiel de ses travaux de modernisation estimés à plus de 1,7 million d'euros.

Dernier abattoir public du Puy-de-Dôme, l'abattoir intercommunal d'Ambert est un opérateur de proximité, multi-espèce, dont dépendent nombre d'éleveurs et d'artisans bouchers-charcutiers. Géré en régie directe par la communauté de communes Ambert Livradois Forez depuis le 1er janvier 2022, il n'est à ce jour que partiellement ouvert en raison de défauts de conformité sur la chaîne porc. La stratégie de développement de l'intercommunalité consiste à rénover et moderniser cet outil afin d'offrir un service complet à ses clients. La chaîne porc va ainsi être entièrement réhabilitée et des travaux sont également prévus sur la chaîne d'abattage bovine, les quais de déchargement des animaux, la bouverie, la salle de découpe, le stockage des déchets... Coût total des travaux : 1,736 million d'euros.
En visite le 4 août dernier, Fabrice Pannekoucke, vice-président du conseil Régional, a annoncé l'ouverture d'une aide dédiée à l'abattoir d'Ambert, à hauteur de 40% du volume d'investissement. Dans son sillage, Lionel Chauvin, président du conseil Départemental du Puy-de-Dôme, a annoncé 200 000€ d'accompagnement. Ces engagements couvriront 52% du montant des travaux soit près de 900 000€. L'intercommunalité espère atteindre « un taux de financement de 80% avec la complémentarité d'autres dispositifs nationaux, ouverts récemment à l'intention des abattoirs français » précise François Dauphin, président de la régie.

Réouverture de la chaîne porc dès 2024


L'heure de la renaissance aurait-elle sonnée pour l'abattoir d'Ambert ? Après plusieurs années à vivoter, le dernier abattoir public du Puy-de-Dôme pourrait bien retrouver un second souffle sous l'acharnement des acteurs locaux à le réanimer. Depuis janvier 2022, et la reprise de la régie par l'intercommunalité, l'outil semble retrouver un nouvel espoir, sans toutefois réaliser les volumes d'avant crise. « Les clients reviennent et sont attachés à leur abattoir » explique Hamid Hamani, directeur de l'abattoir mais « la fermeture de la chaîne porc représente un gros manque à gagner tant en termes de volumes que de chiffre d'affaires ». À elle seule, cette chaîne d'abattage représente entre 25 et 30% des recettes de l'outil. Fermée pour cause de non-conformité, sa réouverture est synonyme de durabilité économique pour l'abattoir.
D'ailleurs, la première étape des travaux la concerne directement et permettra sa réouverture dès « janvier 2024 » promet le directeur. Au programme de cette rénovation, la réorganisation complète de l'atelier pour gagner à la fois sur le bien-être animal et humain. « La conception actuelle, avec un couloir d'accès comprenant plusieurs virages, ne permet pas une circulation aisée des animaux ce qui est source de stress pour eux mais aussi pour les opérateurs. » De nouvelles machines viendront également remplacer celles existantes, devenues obsolètes. Le flambage au gaz sera abandonné pour laisser la place à une échaudeuse épileuse horizontale. « Une fois abattu, le porc sera plongé dans une eau à 60°C avant de passer entre des rouleaux, où des ailettes viendront nettoyer la peau et arracher les poils. Ce procédé est moins consommateur d'énergie et le résultat bien meilleur. » L'abattoir situé à proximité immédiate de la ville d'Ambert réduira par-là même occasion ses nuisances olfactives. Le montant de la rénovation devrait atteindre 90 000€. Ce nouvel équipement permettra l'abattage de 15 porcs/jour pesant jusqu'à 300 Kg.

Bien-être animal et abattage rituel


La modernisation de l'abattoir d'Ambert ne tient pas dans la seule chaîne d'abattage des porcs. Les quais de déchargement des animaux, la bouverie et les couloirs d'amenés seront eux aussi réaménagés. Dans la bouverie, les box accueillant actuellement plusieurs animaux, laisseront la place à des logettes individuelles pour les bovins. Le bâtiment sera également équipé de brumisateurs. Du côté de la chaîne d'abattage des bovins, le matériel sera surélevé pour permettre d'accueillir de plus gros animaux.
La deuxième phase de travaux se concentrera sur l'économie d'énergie et l'atelier de découpe. « Nous voulons récupérer la chaleur émise par les frigos pour chauffer l'eau utilisée dans l'abattoir » explique Hamid Hamani. Le directeur souhaite également multiplier les services proposés au sein de l'atelier de découpe avec notamment un poste de hachés et de préparations chaudes. « Si nous nous concentrons uniquement sur de l'abattage, ce n'est pas viable économiquement. L'atelier de découpe permet davantage de rentabilité. »
Toujours dans l'objectif de se différencier, l'abattoir d'Ambert proposera prochainement l'abattage rituel sur les ovins. « Nous sommes équipés. Cette année, au moment de l’Aïd el-Kébir, aucun abattoir du Puy-de-Dôme ne proposait d'abattage rituel. L'abattoir le plus proche à être agréé est celui de Saint-Étienne. Il y a un marché à prendre. Dans un premier temps, nous pourrions obtenir un agrément temporaire au moment des fêtes. » L'abattoir d'Ambert ne prévoit pas cependant de proposer l'abattage rituel sur bovin puisqu'il nécessiterait des investissements supplémentaires : « ce ne serait pas rentable ».
 

La lumière au bout du tunnel


Durant cette visite de l'abattoir en présence notamment de Fabrice Pannekoucke, vice-président du conseil Régional AuRA, et Lionel Chauvin, président du conseil Départemental du Puy-de-Dôme, les acteurs d'Ambert ont défendu leur outil trop souvent blâmé ou considéré comme désuet, face à la décapitalisation des cheptels et les enjeux écologiques appelant à réduire la consommation de viande. Les soutiens annoncés de la Région et du Département regonflent les troupes qui œuvrent  depuis bientôt deux ans à faire perdurer le dernier abattoir public du Puy-de-Dôme. « Une solution apparaît enfin » s'est exprimé Nathalie Vitrat, sous-préfète d'Ambert. Tandis que François Dauphin s'est réjoui « de voir des actes cohérents avec les discours de bien-être animal, de souveraineté alimentaire et de plan territorial alimentaire ». La régie de l'abattoir s'attache désormais à débloquer des fonds supplémentaires pour financer l'ensemble des travaux prévus. Au démarrage de ces derniers, l'abattoir poursuivra son activité.