L'AOC Côtes d’Auvergne évolue

Gilles Vidal, président du syndicat AOC Côtes d’Auvergne et de la Fédération viticole du Puy-de-Dôme, fait le point sur l’actualité de l’appellation.

Après une année 2021 compliquée en termes de volume, l’AOC Côtes d’Auvergne reprend du poil de la bête grâce à des récoltes importantes malgré les épisodes de sécheresse. Certaines communes dans le sud du département sont néanmoins mises en grande difficulté face au réchauffement climatique, poussant le syndicat à accompagner ses adhérents et à repenser sa cartographie et son cahier des charges, notamment par l’intégration de nouveaux cépages plus résistants à la sécheresse.
De meilleurs rendements en 2022
En 2022, 13 000 hectolitres (hl) de vin (équivalents à 1,7 millions de bouteilles NDLR) ont été produits par l’AOC Côtes d’Auvergne. C’est presque deux fois plus que 2021, qui comptabilisait seulement 8 000 hl (1 millions de bouteilles). Cette recrudescence s’explique par un cycle végétatif précoce accompagné de précipitations à la fin de juin puis à la mi-août. « On est passé d’un rendement moyen de 24 hl par hectare en 2021 à 40 hl/ha en 2022 » rapporte Gilles Vidal.
La consommation locale se maintient
Les années COVID ont profité à l’AOC Côtes d’Auvergne avec une augmentation de la consommation locale « les habitants de l’agglomération clermontoise se sont appropriés l’appellation : on a de plus en plus de demandes de la part de cavistes et de restaurateurs depuis la crise sanitaire » explique Benoit Fesneau, animateur de la fédération.
Par ailleurs, les récents résultats de l’étude Vinora, concernant le profil-type des vins volcaniques, pourraient prochainement mener à la création d’un nouveau label « vins volcaniques » qui valorisera sans nul doute les produits issus du vignoble puydômois, premier vignoble volcanique français.
Mise à jour du cahier des charges
Élaboré à la fin des années 2000, le cahier des charges de l’AOP devrait prochainement faire peau neuve. Dans un contexte marqué par les sécheresses et le manque d’eau, la fédération envisage d’intégrer de nouveaux secteurs situés au nord du département, plus adaptés aux aléas climatiques. Pour ce faire, un travail de cartographie est en cours : « on part de notre cartographie existante qu’on recoupe avec les études de Vinora pour orienter les nouveaux planteurs vers des zones plus adaptées aux enjeux climatiques et éviter les investissements inutiles » explique Gilles Vidal, qui ajoute que « ces études ont notamment prouvé que les sols basaltiques (volcaniques NDLR) proféraient une meilleure résistance aux vignes que les sols argilo-calcaires ». La fédération travaille actuellement avec la SAFER, le Département et les communes pour identifier de nouvelles parcelles avant d’analyser leurs sols et leur climat. « C’est l’IFV (Institut Français de la Vigne et du vin NDLR) qui s’occupera de réaliser la cartographie ».
Cinq nouveaux cépages
Autre évolution notable : l’AOC devrait intégrer 5 nouveaux cépages d’ici un an, en plus du Gamay, du Chardonnay et du Pinot noir. Encore en pleine prospection, la fédération avance sous l’égide de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) et de son plan national encourageant les ODG à intégrer des cépages plus résistants aux aléas climatiques. « Ces cépages, anciens ou nouveaux, pourront représenter, à l’avenir, 5% des plantations et 10% en volume d’assemblage » précise Benoit Fesneau. Recrutée il y a un an par la fédération viticole, Salomé Pinton, technicienne viticole, est en charge de ces recherches et suit par ailleurs les adhérents pour les conseiller sur l’évolution de leurs pratiques agricoles, afin de limiter les impacts du climat et optimiser leurs rendements.