L’élevage de demain a besoin de bras

Ce beau métier d’éleveur n’attire pas assez les jeunes générations avec une image dégradée en termes de revenu notamment dans le milieu de l’élevage.

Bovins de boucherie – Si l’élevage est un métier de passion où les hommes et les femmes ne comptent souvent pas leurs heures, les jeunes générations qui sont de plus en plus issues du milieu non agricole sont en revanche plus sensibles à la gestion du temps libre notamment quand les conjoints travaillent hors de l’exploitation. Cela n’entame aucunement leur motivation, mais cela accentue les modèles de décloisonnement en entraide ou en salariat pour protéger la vie familiale. Mais ce beau métier n’attire néanmoins pas assez les jeunes générations, avec une image dégradée en termes de revenu notamment dans le milieu de l’élevage. Les enfants d’exploitant sont de moins en moins intéressés, car les niveaux d’études progressent et ouvrent des perspectives économiques qui n’ont souvent rien à voir avec les revenus de leurs parents. Ils entendent les difficultés au cœur de la cellule familiale et constatent l’investissement en temps de travail pour des revenus parfois dérisoires. L’agriculture de demain aura pourtant besoin de bras et de chefs d’exploitations performants, car aujourd’hui, une ferme c’est une entreprise à part entière où l’éleveur doit être technicien, respectueux des contraintes environnementales ou sociétales de plus en plus nombreuses, mais également un homme ou une femme d’affaires qui doit valoriser ses produits et gérer ses achats, sans oublier la gestion des nombreuses tâches administratives ou comptable. C’est un très beau métier qui flatte souvent les papilles de consommateurs exigeants, mais qui doit en retour permettre de vivre décemment et durablement.

Le chantier du renouvellement des générations est complexe, mais il ne touche pas uniquement la partie production. Les transformateurs observent également un désintérêt du travail en abattoir ou en unité de transformation avec des métiers durs, même si les conditions de travail ont considérablement été améliorées. Le renouvellement des générations dans la boucherie traditionnelle est inquiétant, car sans vrai professionnel pour travailler et vendre notre belle production, à quoi cela sert de la produire ?

L’érosion de la production de viande observée depuis quelques années va devenir catastrophique car elle met en péril toute une filière. La France a les moyens de puiser dans ses stocks avant d’en arriver à une pénurie, mais ce sera au prix d’une réduction de nos exportations, ce qui n’est pas une chose facile quand la demande est soutenue et qu’une grande partie des éleveurs allaitants du centre du pays ont axé leur développement vers les marchés exports.

La France a besoin principalement de viande basique pour la production de viande hachée, mais ce marché doit garder un équilibre tarifaire au niveau de l’UE, sans quoi les mouvements à l’import se renforcent. Depuis le début de l’année où le prix des réformes laitières a sérieusement progressé, la courbe des prix a fortement baissé chez nos voisins du nord de l’Europe avec des écarts de valorisation qui ont frôlé l’euro/kg de carcasse avant la décroissance des prix français. Le résultat ne s’est pas fait attendre, les importations de viande bovine ont progressé pour atteindre 26% de la consommation. Heureusement, ce mouvement de décroissance tarifaire ne touche pas les races à viande, avec une offre qui reste mesurée et en accord avec la demande, même si cette dernière est amoindrie comme beaucoup de produit par le recul du pouvoir d’achat des ménages.  

Dans l’immédiat, les ménages sont focalisés sur les achats de Noël et sur les factures de chauffage à l’heure où les températures chutent, le tout dans une communication très anxiogène sur les coupures programmées d’électricité. Le repli des achats est marqué sur les pièces nobles. Cela n’a pas trop d’impact sur les concours d’animaux haut de gamme qui se déroulent en ce moment, car malgré une demande réservée de certaines chaines de magasins, le net repli de l’offre permet de tenir les prix un peu au-dessus de l’an passé avec des ventes souvent assez complètes. 

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