La Capp de bonne espérance

La coopérative Capp du groupe Altitude a présenté à ses adhérents sa stratégie de différenciation pour pallier des cours qui, une nouvelle fois, ont joué au yoyo ces derniers mois.

I ls y sont - malheureusement - habitués : les éleveurs de porcs doivent composer avec des effets cycliques sur les cours. Mais cette fois-ci, Benoît Julhes, président de la Coopérative agricole des producteurs de porcs (Capp), admet qu’on atteint un triste record. Une année moyenne, la rémunération de l’éleveur tourne autour de 10 centimes par kilo produit ; or cette fois, le coût de production a augmenté de 20 cts/kg alors que dans le même temps, on enregistre une baisse des cours de - 30 cts. Un effet ciseau d’une ampleur inédite. Cette mauvaise passe est consécutive à un contexte mondial qui décide de la valeur du porc.
Difficultés et solutions
D’abord la Chine, victime d’une vaste épidémie de peste porcine africaine, a vivement fait remonter les cours européens. Même l’Allemagne, deuxième producteur en Europe, a connu quelques défaillances, mais dans les deux cas,
“le soufflé est retombé”, explique la Capp. Lors de son assemblée générale, le 16 février à Vic-sur-Cère, la coopérative s’est concentrée sur les difficultés locales rencontrées, mais aussi - et surtout - sur les solutions de compensations déjà mises en œuvre et celles qui restent à inventer.
Localement, la crise sanitaire Covid apparue en 2020 a eu un impact fort sur la consommation de porc. En temps normal, la Capp peut compter sur un tiers du volume de l’animal distribué en GMS, un tiers en boucherie traditionnelle et un tiers réservé par la restauration hors foyer (RHF).
Ce dernier point a pâti de la fermeture des restaurants et des cantines des établissements scolaires, remettant en cause l’équilibre établi. “Il nous a fallu trouver de nouvelles niches de débouchés. Et depuis, même après la reprise d’activité de la RHF, nous avons conservé ce pool de diversification”, assure le président Julhes. Jean-Luc Doneys, directeur, donne un exemple : “Durant cette période, nous avons proposé de la vente directe aux 500 collaborateurs et 2 000 adhérents du groupe Altitude (NDLR auquel la Capp appartient) et dans les rayons de nos magasins Saveurs d’altitude. C’est toujours d’actualité.”
La qualité fait le prix
Mais la principale stratégie de valorisation aux producteurs, c’est l’incitation à entrer dans des démarches qualité. Actuellement, le cadran affiche 1,25 €/kg. Les 40 adhérents de la Capp(1) bénéficient de 22 cts de plus par kilo de porc “cantalou montagne” et  + 35 cts pour le “capelin” élevé sur paille. Soit respectivement 1,47 € et 1,60 € le kilo produit ; “ce qui reste insuffisant” concède Benoît Julhes. C’est pourquoi il a engagé sa coopérative à conforter cet axe de développement de filières différenciées et qui, de surcroît,  répondent à des attentes sociétales : haute valeur environnementale (HVE), circuits courts (avec l’outil aurillacois Cantal Salaisons qui commercialise 85 % de la production Capp)... S’ajoutent, depuis peu, quatre élevages du groupement en démarche bio. Là encore avec une réponse à la valorisation, grâce à Biovie, la branche du groupe Altitude qui abat à Aurillac les productions certifiées bio (bovins, ovins, porcs, etc.). Enfin, le président “fonde de grands espoirs” pour les éleveurs de porcs sur la loi Égalim 2 qui indexe le prix de vente sur le coût de production.
Égalim
“C’est l’orientation que souhaite prendre notre groupe coopératif Altitude, au sens large. On va s’inscrire dans la démarche. La Capp et Cantal Salaisons travaillent  actuellement à sa mise en place”, confirme Benoît Julhes. Sa seule inquiétude ne relève pas de sa structure. “Je n’ai pas de boule de cristal. Est-ce que le client final dira banco ?” Se conformer à la loi est acquis, mais utiliser une stratégie de différenciation semble plus sûr encore.

(1) Tous en zone de montagne, dont une trentaine sont Cantaliens, produisent 40 000 porcs charcutiers par an, un
volume stable.