La Coopération agricole soutient la proposition de Serge Papin sur la transparence

La Coopération agricole veut se battre pour une meilleure rémunération de la production agricole et agroalimentaire, en obligeant la grande distribution à prendre ses responsabilités.

Alors que les négociations commerciales entre les secteurs de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution ont débuté en pleine crise de la Covid-19, les tensions se font jour de plus en plus crûment, la crise sanitaire accentuant le problème des producteurs et des transformateurs : des exportations en berne, une restauration hors domicile quasiment à l’arrêt, un accroissement des surcoûts de production… L’augmentation de certaines matières premières, notamment les céréales, sur les marchés mondiaux renchérit certains coûts de fabrication pour les produits concernés.

La Coopération agricole, qui fédère les coopératives agricoles et agroalimentaires de France, reconnaît volontiers que, « dans ce contexte inédit, les enseignes de la grande distribution constituent, depuis mars 2020, le débouché essentiel des productions ». De ce fait, « cette position privilégiée » lui confère « une impérieuse responsabilité : celle d’accorder des revalorisations tarifaires qui permettent de rémunérer les producteurs plus justement ».

Or, une nouvelle guerre des prix s’est ouverte, selon La Coopération agricole, qui pointe la baisse des prix dans les rayons alimentaires (-0,5 % en un an) et la demande de déflation de -2 % en moyenne dans les négociations actuelles. A tout cela s’ajoute des demandes sur des budgets promotionnels supplémentaires.

Transparence, répartition de la valeur et Etats généraux de l'alimentation

Dans ce contexte, la dernière réunion du comité de suivi des négociations commerciales, le vendredi 18 décembre, a vu Serge Papin, ancien PDG du groupement coopératif Système U et actuellement missionné par le ministre de l’Agriculture pour travailler sur la répartition de la valeur dans les filières agroalimentaires, proposer un nouvel outil de transparence qui « permettrait de connaître le prix réellement payé pour la matière première agricole à tous les étages » de la filière alimentaire.

Concrètement, un cabinet d’audit, disposant de données confidentielles d’entreprises, pourrait servir de tiers de confiance afin de répondre en temps réel aux questions des deux parties en négociation sur une situation individuelle bien spécifique. Un premier test sera fait dans la filière laitière avant d’être étendu à l’ensemble des filières et une première réunion est prévue en janvier pour lancer tout cela.

Cette proposition a donc reçu le soutien de La Coopération agricole, qui y voit « « un appel à un sursaut collectif » car il est « indispensable de recréer de la valeur dans la filière alimentaire ». Ce serait en fait une juste voie pour « enfin faire vivre les engagements pris lors des Etats généraux de l’alimentation », a écrit Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, dans un communiqué de presse à l’issue du comité de suivi.

« La reconquête d’un revenu décent pour les agriculteurs, la sauvegarde de notre appareil productif et le recouvrement de notre souveraineté alimentaire ne sont atteignables qu’à condition de pouvoir "passer du tarif". Sans cette solidarité et responsabilité des enseignes de la distribution, c’est toute la ferme France qui est en péril, des agriculteurs jusqu’aux industries de transformation », peut-on également lire dans ce document.