La France adapte sa stratégie sanitaire contre la tuberculose bovine

Le ministère de l’Agriculture annonce le lancement d’un test de dépistage permettant de limiter l’abattage des animaux suspects et d’une expérimentation vaccinale sur la faune sauvage. La biosécurité en élevage est renforcée ainsi que les indemnisations de l’abattage diagnostic. Objectif : préserver le statut indemne de la France.

La 5 mars dernier, France 5 diffusait « L’amour vache », le dernier documentaire en date d’Édouard Bergeon, l’auteur d’« Au nom de la terre ». Le réalisateur y relate le traumatisme d’un couple d’éleveurs du Béarn, confronté à l’abattage de son troupeau de blondes d’Aquitaine, dont l’une est diagnostiquée positive à la tuberculose bovine. s’achève sur le retour d’un nouveau troupeau sain sur l’exploitation, au terme d’un longue séquence pas sans séquelles pour le couple, tandis que celui du voisin part à l’abattoir après la détection d’une bête infectée. On mesure au passage le pic paroxystique de stress que constitue la prophylaxie annuelle.

Abattre au cas par cas

Le 5 avril, le ministère de l’Agriculture annonçait le renforcement de mesures de prévention de la tuberculose bovine ainsi qu’un meilleur accompagnement des éleveurs touchés. La mesure emblématique réside dans la mise en œuvre d’un nouveau test (Interféron gamma), sous l’effet d’une évolution réglementaire au niveau européen, et qui permet de « réduire la durée de blocage des élevages suspectés d'infection et de limiter le nombre d’abattage d’animaux suspects, tout en maintenant une surveillance optimale des troupeaux ». Une mesure de nature à alléger la charge mentale, et financière, des éleveurs frappés par cette maladie infectieuse. Au plan financier justement, le ministère rappelle que l’Etat a procédé, par un décret du 25 février, à la réévaluation des forfaits d’indemnisation versés dans le cadre des abattages destinés à confirmer ou infirmer une suspicion détectée sur des bovins, ce qui n’avait pas été fait depuis 2018.

Formation en biosécurité et test de vaccin sur la faune sauvage

Le ministère annonce par ailleurs un plan de formation à la biosécurité, doté de 3,5 millions d'euros, destiné à satisfaire l’obligation de formation pour pouvoir recouvrer le statut indemne, s’imposant également aux élevages en lien épidémiologique de voisinage avec les foyers. Enfin, sur la base des recommandations de l’Anses, une expérimentation vaccinale sur blaireau va débuter ce printemps en Nouvelle-Aquitaine, avant éventuellement d’être étendue à l’ensemble des zones contaminées, la faune sauvage (sangliers, cervidés, blaireaux) pouvant être porteuse et potentiellement vectrice de la maladie.

Le ministère justifie le renforcement des mesures sanitaires du fait de la hausse du nombre de foyers constatée dans plusieurs zones géographiques (sud-ouest, Normandie, Corse) et sa persistance dans d’autres (Côte d’Or, Camargue). La France bénéficie du statut de pays indemne de la tuberculose bovine depuis 2001.