La France va-t-elle manquer de viande en début d’année ?

Le manque de matières premières inquiète, mais il semble bien difficile d’enrayer la chute face à une pyramide des âges très défavorable.

Bovins de boucherie – Les Français se plaignent de la flambée des prix avec des médias qui axent leurs sujets sur les nombreuses familles qui peinent à boucler leurs budgets, et il y en a beaucoup. Il n’en demeure pas moins que le grand week-end du 11 novembre, baigné par le soleil, a favorisé les déplacements. Les zones de villégiatures ont rarement connu une telle affluence à cette période de l’année. Les restaurateurs ont très bien travaillé. Dans les villes, les zones commerciales étaient bondées, avec des familles qui préparent déjà les achats de Noël.  Difficile de voir une France en crise au premier abord. C’est en revanche dans les stations-service que la réalité nous rattrape avec des queues interminables mardi et mercredi pour des automobilistes qui veulent sursoir momentanément à la hausse des carburants avec la diminution de l’aide de l’état de 0,20€/l. Le retour à des carburants à plus de 2€ pour le début de l’année va marquer les esprits. Cette réduction des aides va également toucher les agriculteurs, même si la majorité des cultures d’hiver sont implantées et que les stocks en carburants ont été reconstitués.

Dans le monde de l’élevage, ce sont les charges énergétiques qui inquiètent avec des factures qui vont s’envoler en 2023 pour certains. Toute la filière est sur ce dossier très sensible, car comme dans d’autres secteurs très consommateurs d’énergies, les abattoirs et les unités de transformations sont énergivores. La rationalisation d’utilisation des outils va être d’autant plus compliquée à réaliser que les volumes pour maintenir la charge de travail ne sont plus là, et le seront encore moins en 2023.  

Ce manque de matières premières inquiète, mais il semble bien difficile d’enrayer la chute face à une pyramide des âges très défavorable. L’installation de jeunes éleveurs doit se faire en prenant en compte l’évolution des modes de vie. Si passer tout son temps auprès des vaches peut être une passion pour certains, le développement d’une vie familiale et personnelle plus équilibrée est recherché par les jeunes générations. Il y a certainement de nouveaux modèles d’élevage à développer.

La France a besoin de viande et son cheptel peut lui fournir, à condition de récupérer une partie de nos exportations. Cela impose une mise en concurrence directe avec nos clients traditionnels en termes de prix, mais également de trouver les ateliers d’engraissement nécessaires à ce développement. Avec la perspective des JO 2024, les mises en place vont s’accroître fortement sur le début d’année.    

Tout cela plaide pour un maintien d’un niveau élevé des prix de la viande, avec une mutation dans les modes de consommation qui va perdurer. Il est également important qu’il y ait une certaine concordance entre les tarifs pratiqués dans les différents pays de l’UE, car dans ce marché unique les produits bougent beaucoup. Aujourd’hui, les vaches allemandes tirent le prix des laitières françaises à la baisse, alors que les producteurs italiens se plaignent des tarifs des JB français. 

Les mois qui se présentent seront une nouvelle fois agrémentés de tensions entre les industriels et les distributeurs lors du prochain round des négociations commerciales. La revalorisation des viandes hachées restera au cœur des débats, car le niveau de prix déterminera le niveau d’incorporation des pièces (plus ou moins nobles) dans les hachoirs.                 

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