La guerre de l’eau ne fait que commencer

[Edito] La sécheresse qui sévit exacerbe les tensions autour de la ressource en eau et de ses utilisations. Il faudra à l’avenir composer avec ce manque d’eau et puiser dans des solutions d’adaptation.

Un manque de pluie historique, des températures caniculaires jamais atteintes, une sécheresse des sols qui bat chaque jour de nouveaux records… l’été 2022 est bel et bien hors normes, du moins hors des normes qui étaient les nôtres jusqu’à présent. Car avec le changement climatique à l’œuvre, la hausse de l’évaporation liée à l’augmentation des températures renforce l’intensité et la durée des sécheresses des sols. Météo-France estime qu’à la fin de ce siècle, le niveau moyen annuel d’humidité des sols correspondra au niveau « extrêmement sec » de la période de référence 1961-1990. Il est à craindre que dans quelques années, la sécheresse ne sera plus une crise, mais la nouvelle norme.

Cette sécheresse, on l’a vu venir, et de loin. Depuis l’hiver dernier, déjà marqué par un manque de pluie, tous les mois ont connu un déficit de précipitations, à l’exception du mois de juin. Dès le mois de mars, certains départements avaient déjà pris des arrêtés vigilance.

Conséquence, le niveau de la majorité des nappes d’eau souterraine est bas et tous les départements de France métropolitaine sont concernés par des arrêtés de restriction d’eau. De quoi exacerber les tensions entre les multiples utilisateurs de cette ressource longtemps considérée comme inépuisable. Vols d’eau, dégradation de réserves, remplissage des piscines malgré les interdictions… les effractions et infractions vont bon train.

En attendant, il est une réserve en eau que les badauds ne sont pas prêts d’aller voler : celle du sol, ce réservoir immense mais extrêmement menacé par le manque de fertilité et l’érosion. Malheureusement, la sécheresse met à mal les implantations des couverts végétaux d’interculture, alors même que ceux-ci sont l’un des piliers de la conservation des sols. Il est urgent d’orienter les pratiques agricoles et les soutiens publics vers la préservation de la structure des sols, d’autant que ceux-ci ont l’immense avantage de pouvoir stocker non seulement de l’eau, mais du carbone, et limiter ainsi le changement climatique… un cercle vertueux, en somme.