La période de soudure va être compliquée pour servir le marché

Alors que la filière viande subit les effets d’une forte décroissance du cheptel français, mais également européen, les industriels sont grandement préoccupés par les disponibilités qu’ils auront à travailler sur les prochains mois.

Les négociations commerciales sont à peine terminées que tout pourrait rapidement être remis en cause au regard de l’envolée spectaculaire du prix de l’énergie et des matières premières. Dans une économie de guerre, aucune prospective sérieuse ne peut être établie. L’économie marche à l’aveugle et les consommateurs vont devoir faire des choix drastiques dans les semaines à venir. Chacun va revoir ses priorités, rouler avec sa voiture va bientôt être un luxe. Les ménages les moins aisés et même la classe moyenne vont recentrer leurs achats alimentaires sur des produits de base qui vont connaître une forte inflation. Le transfert de valeur dans l’assiette du consommateur va être violent malgré un premier round de négociation qui a limité la hausse à 3% de moyenne.

Alors que la filière viande subit les effets d’une forte décroissance du cheptel français, mais également européen, les industriels sont grandement préoccupés par les disponibilités qu’ils auront à travailler sur les prochains mois. La période de soudure entre les mises à l’herbe et les premières sorties dans la viande vont être très compliquées. Pour fournir le marché français, ils ne pourront travailler avec des viandes UE en raison d’une très forte évolution vers le VBF. L’autre grand secteur qui sera touché est celui de la RHF, avec des produits d’importations également très élevés (voire plus chers qu’en France). Les distributeurs observent déjà un recul des ventes dans les pièces nobles alors que la consommation de viande hachée ne cesse de se renforcer. La progression permanente des prix à la production fait grincer les dents des acheteurs de la filière aval, même si dans un contexte de sous offre, ils n’ont pas vraiment le choix d’accepter ces hausses.   

L’application de la loi Egalim, dans les restaurants scolaires et dans les grandes cuisines centrales, est très compliquée à mettre en place, le coût du « bol alimentaire » étant trop élevé pour qu’il rentre dans le prix négocié des repas en début d’année. Cela n’est pas seulement vrai pour la viande, mais pour tous les ingrédients qui composent ces menus.

L’ambiance dans les campagnes est mitigée, car si les éleveurs sont satisfaits de l’orientation constante des cours qui ont rarement été aussi hauts, ils observent dans le même temps une flambée des prix de l’énergie qui va être douloureuse à la veille de l’implantation des cultures et récoltes de printemps, sans compter la hausse de tous les intrants. Cette progression des prix, qui aurait due être salutaire, risque de ne pas compenser la hausse des charges. Dans ces conditions, un certain nombre d’installations de jeunes éleveurs est remis en cause avec des valeurs de reprise de cheptel en forte progression.     

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