La prudence domine chez les abatteurs

La France démarre l’année sous une pression politique et médiatique de la réforme des retraites.

Bovins de boucherie – Le climat social est très tendu, avec des manifestations, des grèves et des annonces de blocages qui ne présagent rien de bon pour notre économie dans les semaines à venir. Dans un contexte déjà très tendu au niveau de la consommation, avec des ménages qui auront du mal à boucler leur budget de fin de mois, les industriels de la viande sont très prudents dans leurs achats. Le niveau des prix des viandes hachées (fraîches ou surgelées) est un frein pour les familles les plus modestes qui sont pourtant des clients assidus de ces produits. Les pièces nobles (déjà peu recherchées à la saison) peinent à trouver preneur, y compris dans la boucherie traditionnelle. Quant aux morceaux qui pourraient aller vers la restauration, ce sont les viandes allemandes et hollandaises qui ont la préférence avec des tarifs très concurrentiels.     

Dans cette tension commerciale, les viandes bio sont également malmenées, et ce serait encore plus grave si la loi Egalim n’imposait pas ces produits dans l’élaboration des menus des cantines.

Tout n’est pas négatif dans ce paysage gris de ce début d’année. Le niveau des prix à la production est stable et subit beaucoup moins les aléas conjoncturels. Le niveau de l’offre reste une des principales préoccupations des industriels, même si ponctuellement ils ne manquent pas de marchandise. Les élevages allaitants (moins sensible à la hausse du prix de l’énergie) bénéficient de tarifs rémunérateurs, même s’ils doivent être mis en corrélation avec la hausse des intrants et du prix des aliments. Les producteurs laitiers ont également obtenu une revalorisation du prix de leurs productions, même si ce dernier reste en retrait par rapport à nos voisins allemands, belges ou hollandais. Chaque ferme met à profit cette période de tension pour gérer plus finement, adapter les méthodes d’élevage, innover pour passer ce moment difficile, mais ces adaptations seront bénéfiques pour les années à venir.

Dans l’esprit des Français, la viande est un produit noble (c’est vrai), et qui est cher, ce qui doit être relativisé par rapport à d’autres produits de consommation. La hausse des tarifs de 2022 n’est qu’un juste rattrapage de décennies de sous-valorisation instituée par les distributeurs, qui, entre parenthèses, se faisaient de belle marge.   

Les industriels de la viande, qui doivent déjà faire face à la baisse des effectifs, sont quant à eux, dans une situation très compliquée à gérer. Le manque de personnel qualifié est récurrent, mais ce sont les charges énergétiques qui sont les plus préoccupantes malgré le bouclier tarifaire. 2023 sera certainement l’année de grosses restructurations. Le milieu du négoce ou de la coopération vont également devoir s’adapter à cette baisse des effectifs de bovins, et du prix des carburants. Faire voyager un camion à vide ou à mi-charge coûte trop cher, notamment sur de longues distances.

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