La valeur de la production agricole a rebondi fortement en 2021

La valeur de la production agricole française a été en "fort rebond" en 2021 (+7,7%) après deux années de baisse, dans un contexte de hausse généralisée des prix des matières premières.

Les chiffres, publiés le 7 juillet par l'Insee, ont été immédiatement nuancés par la plupart des syndicats agricoles qui estiment, comme l'écrivent la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA), que "les prix s'améliorent mais ne compensent pas l'explosion des charges".

La richesse générée par l'activité agricole - estimée par la valeur ajoutée brute - "augmente sensiblement de 13,9%", après une baisse de 2,4% en 2020 et de 5,4% en 2019, selon l'Insee.

La consommation d'intrants (énergie, alimentation animale) a augmenté moins fortement que la production en 2021, "ce qui conduit à une hausse marquée de la valeur ajoutée".

Alors qu'elle se contracte en volume (-4,1%), la valeur de la production agricole "se redresse très nettement" en 2021, "dominée par l'évolution des prix dans le contexte général de hausse du prix des matières premières", note l'Insee.

Quasiment stable en volume, la production végétale tire cette croissance de la valeur (+12%), tandis que celle de la production animale progresse à un rythme plus modéré (+1,7%). "La production de céréales et celle d'oléagineux et protéagineux bondissent (respectivement +50,9% et +52,9% en valeur), avec la hausse des récoltes et l'envolée des prix" sous l'effet d'une demande mondiale dynamique.

Si la situation "semble s'améliorer", "les prix dépendent fortement du contexte international, et cette volatilité n'est pas toujours en faveur des agriculteurs, avec des prix plus faibles au moment des ventes réelles", nuancent dans un communiqué la FNSEA et les JA.

La Confédération paysanne souligne pour sa part que "toutes les filières d'élevage souffrent du prix de l'alimentation animale", avec pour conséquence une diminution de la production, une baisse moyenne de 2,2% pour le bétail et une baisse de 2,8% pour le lait.

Pour le vin et les fruits aussi, les productions "se contractent dans un contexte météorologique défavorable", pointe l'institut. La production viticole "connaît une baisse considérable en volume et chute de 17,6%", "en raison du gel printanier et d'une météo estivale humide favorisant l'émergence de maladies".

De son côté, "la production animale s'accroît en valeur (+1,7%), portée par l'augmentation des prix, tandis que les volumes se replient (-2,1%)", précise l'Insee.

Dans le même temps, les charges des agriculteurs ont augmenté de 3,3% en 2021, un bilan qui ne prend pas encore en compte les conséquences de la guerre en Ukraine sur le prix des intrants, comme les engrais.

La flambée des prix de l'énergie (+20,7%) alourdit "significativement la facture énergétique des exploitations", tandis que la hausse du prix de céréales gonfle les dépenses consacrées à l'alimentation animale (+10,9%).

La Coordination rurale dénonce un "apparent bon résultat (...) en trompe l'oeil, car en décalage avec la hausse du prix de l'énergie, des engrais et de l'alimentation animale. Le rattrapage dans les comptes 2022 sera sévère", prévient l'un de ses représentants, François Walraet, dans un communiqué.

Sur l'année, l'Insee estime que les exploitations françaises ont été subventionnées à hauteur de 8,4 milliards d'euros, "en augmentation de 184 millions par rapport à 2020" via les aides de la PAC ou pour calamités agricoles.

La balance commerciale pour les produits agricoles bruts est excédentaire, mais le solde des échanges extérieurs "se réduit pour la deuxième année consécutive", tombant à  1,8 milliard d'euros en 2021 (en baisse de 21,9%).