La vidange des nappes phréatiques toujours active en août

Le mois d’août a été moins atypique que les mois précédents. La vidange devrait se poursuivre de façon normale jusqu’en octobre-novembre.

Pendant le mois d’août 2021, la vidange (donc la baisse) des nappes phréatiques s’est poursuivie normalement après un printemps et un début d’été très atypiques en matière de précipitations. Ainsi, on peut lire dans le nouveau bulletin du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), paru le 13 septembre et portant sur la période du mois d’août, que « les niveaux sont en baisse et la vidange estivale se poursuit ou redémarre sur l’ensemble des nappes. Ce phénomène est habituel durant l’été ». Toutefois, quelques exceptions existent : « certaines nappes inertielles enregistrent encore des niveaux en hausse ou stables. Ces tendances très inhabituelles à cette période sont la conséquence d’une infiltration lente en profondeur des fortes pluies de juin et juillet. Les nappes inertielles des formations plio-quaternaires et des couloirs fluvioglaciaires du Rhône et de la Saône sont particulièrement concernées par ce phénomène. Des tendances stables s’observent également localement sur la nappe de la Beauce et sur la nappe de la craie normande ».

Situation satisfaisante

Globalement, le niveau des nappes « reste particulièrement satisfaisant » selon le BRGM, seuls le pourtour méditerranéen et la Corse présentant une situation plus fragile. Dans le détail : le bulletin précise que « dans la moitié nord du territoire, les niveaux sont hauts en région Grand-Est, sur le bassin Rhin-Meuse et le bassin amont de la Seine. Ils sont modérément hauts à autour de la moyenne mensuelle en Artois, sur le bassin moyen et aval de la Seine, sur le bassin de la Loire et en Bretagne. L’état des nappes peut être localement plus contrasté et atteindre des niveaux modérément bas sur les nappes du socle du Massif armoricain, de la craie normande, des calcaires de la Beauce et surtout des calcaires du Berry ».

Pour la partie Bassin aquitain, « la situation est satisfaisante avec des niveaux proches des normales mensuelles à hauts. Elle est la conséquence des recharges exceptionnelles des deux automnes et hivers précédents, complétées par des mois de mai à juillet humides. Seuls les niveaux des nappes alluviales de l’Adour et du Gave de Pau sont sous les normales mensuelles. Sur le bassin du Rhône, les niveaux des nappes des alluvions du Rhône, de la Saône et de leurs affluents sont très satisfaisants, de comparables aux normales à très hauts. Les importantes précipitations entre mai et juillet ont permis d'alimenter ces nappes superficielles et d’améliorer considérablement leur état. Les nappes inertielles des formations plio-quaternaires enregistrent des niveaux moins favorables, de modérément bas à comparables aux normales. La situation peut être plus tendue localement, avec des niveaux bas à très bas. Ces nappes évoluent très lentement et les recharges inhabituelles de ces dernières semaines n’ont pas comblé les déficits des hivers précédents ».

Dans certains territoires, des nappes présentent même des « situations très favorables, avec des niveaux hauts à très hauts par rapport aux mois d’août des années antérieures ». C’est le cas pour les nappes des alluvions du Rhône amont, de la Saône et de ses affluents ; des nappes de la craie champenoise, des calcaires jurassiques des Côtes de Bars et de Lorraine, des alluvions de la plaine d’Alsace et enfin des nappes alluviales de la Garonne avale et de la Dordogne, du plio-quaternaire aquitain et des calcaires karstifiés du Bassin aquitain.

Quelques situations présentent des situations moins favorables (niveaux sous la moyenne des mois d’août et surveillance renforcée). Il s’agit des nappes des cailloutis pliocènes de Bourgogne-Franche-Comté qui enregistrent des niveaux modérément bas, du fait de plusieurs recharges hivernales successives déficitaires que les apports exceptionnels de ces dernières semaines n’ont pas permis de combler ; des nappes alluviales, des formations complexes et karstiques des régions montpelliéraine et nîmoise, du littoral languedocien, du Roussillon, de la Provence et de la Côte d’Azur qui ont des niveaux modérément bas à bas et enfin des nappes alluviales de Corse, dont les niveaux sont modérément bas.

Tendances 2020-2021 et prévisions

Dans ce nouveau bulletin d’informations, le BRGM rappelle que « l’automne et l’hiver 2020-2021 ont été caractérisés par une forte recharge des nappes sur une grande partie du territoire et par une recharge très faible sur le littoral méditerranéen ». A suivi un début de printemps sec qui s’est traduit par des baisses importantes et inhabituelles des niveaux alors que la fin du printemps et le début de l’été 2021 « se sont révélés atypiques » : « les précipitations très abondantes entre mai et juillet, associées à une évapotranspiration faible, ont permis de ralentir l’intensité de la vidange et même d’observer des épisodes exceptionnels de recharge ».

Météo France ne privilégie aucun scénario pour la période d’automne à venir et la « vidange devrait se poursuivre sur l’ensemble des nappes du territoire jusqu’à la mise en dormance de la végétation et la survenue d’épisodes pluviométriques abondants, soit jusqu’à mi-octobre à fin novembre ».

Concernant les nappes réactives du pourtour méditerranéen, de Corse et des calcaires du Berry, « l’état des nappes va très probablement se dégrader durant septembre et la situation pourrait devenir tendue localement sur certaines nappes fortement sollicitées. Cependant, les demandes en eau devraient diminuer et les éventuelles précipitations pourraient permettre de limiter la baisse des niveaux et de soutenir les étiages ».